Russie | Deux descentes de police visent clairement à intimider un journaliste d’investigation
Après la perquisition de l’appartement moscovite du journaliste et rédacteur en chef Roman Dobrokhotov et celle du domicile de ses parents, Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale d’Amnistie internationale, a déclaré :
« Les descentes de police effectuées ce matin visent clairement à intimider un journaliste qui a fait connaître son intention de ne pas se laisser réduire au silence par la désignation de sa publication comme “agent de l’étranger” la semaine dernière.
« Il est à craindre que les perquisitions d’aujourd’hui n’annoncent la désignation prochaine de Roman Dobrokhotov comme suspect dans une procédure pénale pour diffamation qui pourrait lui faire encourir jusqu’à deux ans d’emprisonnement.
« Les autorités russes doivent cesser de harceler Roman Dobrokhotov, retirer la qualification de sa publication, The Insider, comme “agent de l’étranger” et mettre fin à la chasse aux sorcières menée contre les journalistes, les organisations de la société civile et les défenseur·e·s des droits humains qui s’opposent au gouvernement répressif de Vladimir Poutine. Elles doivent aussi dépénaliser la diffamation et arrêter d’utiliser des poursuites pénales contre leurs détracteurs. »
Complément d’information
Le 23 juillet, The Insider, publication dont Roman Dobrokhotov est le fondateur et rédacteur en chef, a été qualifié d’“agent de l’étranger” par les autorités russes.
Roman Dobrokhotov a déclaré que son média, immatriculé en Lettonie, ne tiendrait pas compte de cette décision.
La loi russe sur les “agents de l’étranger”, aux dispositions draconiennes, est largement utilisée pour couper les financements d’organisations de la société civile et de médias indépendants, pour salir leur réputation et intimider ou poursuivre leurs employé·e·s. Elle a été en outre modifiée afin de s’appliquer aux personnes individuellement, permettant ainsi de prendre pour cibles des défenseur·e·s des droits humains et des militant·e·s.
Aux termes de cette loi, la mention « agent de l’étranger » doit figurer sur toutes les publications et autres supports diffusés par des associations publiques et leurs membres, et les employé·e·s d’ONG et les personnes désignées comme telles ont l’obligation de s’enregistrer à ce titre.