• 6 mai 2021
  • Europe et Asie centrale
  • Communiqué de presse

Europe | « La justice climatique ne doit pas s’arrêter aux frontières », déclarent des organisations de défense des droits humains

Alors que la Cour européenne des droits de l’homme examine actuellement une affaire qui fera date dans le domaine du changement climatique, laquelle oppose six personnes de nationalité portugaise à 33 pays européens, Amnistie internationale et d’autres organisations de défense des droits humains, ainsi que des universitaires, sont intervenus le 6 mai. Ils ont présenté à la Cour des arguments juridiques indiquant comment les politiques climatiques des États doivent protéger les droits des personnes à l’extérieur de leurs frontières.

La Cour doit maintenant décider si elle accepte de donner suite à la requête introduite non seulement contre le Portugal, où vivent les requérant·e·s, mais aussi contre 32 autres pays, à savoir les États membres de l’Union européenne ainsi que la Norvège, le Royaume-Uni, la Russie, la Suisse, la Turquie et l’Ukraine. 

« La crise climatique fait fi des frontières, et nos lois et politiques doivent en tenir compte. Pour rendre justice aux personnes les plus touchées par les vagues de chaleur, les sécheresses et les incendies de forêt – en particulier les enfants –, il faut que les États soient tenus de s’attaquer au changement climatique et à ses effets, tant sur leur territoire qu’à l’étranger, a déclaré Ashfaq Khalfan, directeur du programme Droit et politique à Amnistie internationale.

« Les États ne peuvent plus négliger les personnes qui vivent hors de leurs frontières lorsqu’ils élaborent leurs politiques climatiques. »

L’affaire Duarte Agostinho et autres c. Portugal et autres, portée par un financement participatif, est le fait de six jeunes du Portugal, qui accusent 33 pays européens d’avoir bafoué leurs droits humains, y compris leur droit à la vie, en ne prenant pas de mesures suffisantes pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.

« Les personnes qui subissent les conséquences du changement climatique devraient être autorisées à porter plainte contre un État tiers. Si les États ne sont tenus de respecter que les droits des personnes qui vivent à l’intérieur de leurs frontières, il leur est plus facile d’ignorer les répercussions sur les populations des pays les plus touchés et d’être moins actifs s’agissant de réduire les émissions de gaz à effet de serre », a déclaré le professeur Mark Gibney, de l’université de Caroline du Nord (Asheville).

Si la Cour donne suite à la requête, cette affaire pourrait faire jurisprudence et ouvrir la voie à d’autres actions en justice intéressant le climat qui se fonderaient sur des arguments liés aux droits humains.

« Cette affaire est également importante pour faire en sorte que les États aient l’obligation d’élaborer des politiques climatiques tenant compte des risques climatiques particuliers qui concernent les enfants et de prendre les mesures ambitieuses de protection du climat qui sont nécessaires pour protéger les droits de ces derniers », a déclaré Gamze Erdem Türkelli, de l’université d’Anvers.