Colombie. La clôture de l'examen préliminaire de la CPI ne doit pas servir de prétexte pour permettre l’impunité
Réagissant à la décision qu’a prise le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de clôturer l'examen préliminaire de la situation en Colombie, en cours depuis 17 ans, Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques, a déclaré :
« Si quelques avancées ont été réalisées en Colombie ces dernières années en matière de vérité et de justice, notamment avec la création de la Juridiction spéciale pour la paix, l’annonce de la clôture de l’examen préliminaire, ouvert il y a 17 ans, pourrait porter un grave coup aux victimes de violations graves des droits humains et de crimes de droit international.
« La Colombie reste marquée par le conflit armé, qui a eu des répercussions dévastatrices sur des communautés historiquement marginalisées comme les peuples indigènes, les populations afro-colombiennes, et aussi les femmes et les filles. Ce pays présente le plus grand nombre au monde de personnes déplacées à l’intérieur de son territoire, avec un chiffre 8,3 millions enregistré à la fin de l’an dernier, mais le bilan n’a cessé de s’alourdir de façon alarmante en 2021. La Colombie est en outre considérée comme le pays le plus dangereux au monde pour les défenseur·e·s des droits humains, et les autorités continuent de réagir face à la contestation sociale en recourant à une violente répression policière.
« Dans ces conditions, la clôture de l’examen préliminaire risque d’adresser au gouvernement d’Iván Duque et aux autres autorités étatiques un message erroné laissant entendre que l’impunité peut continuer d’être la norme. Cela est totalement inacceptable. Il est indispensable que les autorités colombiennes renforcent les mécanismes judiciaires et de reddition de comptes, notamment la Juridiction spéciale pour la paix, en les dotant des ressources et de l’autonomie nécessaires compte tenu de l’immense défi qu’ils doivent relever.
Nous espérons que la clôture de l’examen préliminaire et l’accord signé avec le gouvernement colombien seront reçus comme un message indiquant clairement que la Colombie doit placer les victimes au centre de toutes les mesures adoptées par les pouvoirs publics afin de garantir leurs droits à la vérité, à la justice, à réparation et à la non-répétition. »