Chine. Une journaliste de #MeToo et un défenseur des droits du travail accusés de « subversion » doivent être relâchés
En réaction au placement en détention de Sophia Huang Xueqin, militante chinoise de #MeToo, et de Wang Jianbing, défenseur des droits du travail, pour « incitation à la subversion de l’État », Gwen Lee, chargée de campagne sur la Chine à Amnistie internationale, a déclaré :
« Le mépris dont fait preuve le gouvernement chinois à l’égard des droits humains est une nouvelle fois exposé au grand jour par ces accusations injustifiables portées contre deux militant·e·s dont le seul " crime " est d’avoir défendu pacifiquement le bien-être d’autrui.
« La journaliste Sophia Huang Xueqin s’est retrouvée dans le collimateur des autorités après avoir aidé des femmes en Chine à dénoncer des cas de harcèlement sexuel et être devenue une figure du mouvement #MeToo dans le pays.
« Tout en braquant les projecteurs sur le traitement infligé aux victimes de violences sexuelles, son arrestation illustre l’hostilité des autorités chinoises à l’égard des journalistes qui osent dire la vérité.
« Wang Jianbing, qui défend les travailleuses et travailleurs souffrant de handicaps et de maladies professionnelles, encourt également une lourde peine de prison pour la même accusation fallacieuse de subversion. Nul ne doit être incarcéré uniquement pour avoir défendu les droits des travailleurs.
« Sophia Huang Xueqin et Wang Jianbing n’ont commis aucune infraction universellement reconnue. Ils doivent être libérés immédiatement. »
Complément d’information
Le défenseur des droits du travail Wang Jianbing et Sophia Huang Xueqin ont été arrêtés dans la ville de Guangzhou (Canton) le 19 septembre, alors que cette dernière prévoyait de quitter la Chine le lendemain pour se rendre au Royaume-Uni et poursuivre un master à l’Université du Sussex.
Leurs familles ont confirmé qu’ils sont maintenant officiellement détenus pour « incitation à la subversion de l’État ».
Sophia Huang Xueqin est une journaliste mobilisée dans le cadre de plusieurs campagnes #MeToo visant à apporter soutien et assistance aux victimes de violences sexuelles et de harcèlement. Elle avait déjà été incarcérée, entre octobre 2019 et janvier 2020, et inculpée d’« avoir cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public » après sa couverture des manifestations de masse à Hong Kong.
Le défenseur des droits du travail Wang Jianbing (« Pancake » pour ses amis) propose un soutien juridique aux personnes souffrant de handicaps et de maladies professionnelles et soutient activement le mouvement #MeToo en Chine.
Depuis leur arrestation, Sophia Huang Xueqin et Wang Jianbing n’ont pas pu désigner l’avocat de leur choix ni voir leurs familles. Plusieurs de leurs amis ont été convoqués par la police, qui a fouillé leurs logements et saisi des appareils.
Depuis la répression de grande ampleur qui a frappé les avocat·e·s et les militant·e·s en 2015, les autorités chinoises recourent systématiquement à des chefs d’inculpation liés à la sécurité nationale en s’appuyant sur des dispositions légales plus que vagues, telles que la « subversion de l’État » et l’« incitation à la subversion de l’État », pour engager des poursuites contre des avocat·e·s, des universitaires, des journalistes, des militant·e·s et des employé·e·s d’ONG.