• 19 avr 2021
  • Canada
  • Communiqué de presse

Amnistie internationale se désole du désistement du Québec lors de l’annonce d’une voie accélérée vers la résidence permanente pour les travailleurs et travailleuses essentiel.le.s dans le reste du Canada

Montréal, le 19 avril 2021 - Amnistie internationale Canada francophone (AICF) est déçue de la non-participation du Québec au programme gouvernemental canadien d'octroi de résidence permanente à 90 000 personnes migrantes au pays. AICF revendique depuis des mois, en contexte de pandémie, que l’ensemble des personnes sans statut ou à statut précaire voient leur situation régularisée.

« Ce programme fédéral n’est certes pas parfait, mais il représente néanmoins un pas dans la bonne direction. Le plus désolant est de voir que le Québec s’obstine à tourner le dos à des personnes qui contribuent tellement à notre société, sans égard aux bénéfices économiques et aux droits humains », a affirmé France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone. 

Le programme, qui exclut toute personne migrante sans statut, survient alors que d’autres pays comme les États-Unis et la Colombie proposent et mettent sur pied des programmes beaucoup plus larges et ambitieux de régularisation des statuts qui sont inclusifs des personnes sans statut légal. C’est néanmoins au Québec que la situation est la plus préoccupante. Les dizaines de milliers de personnes migrantes qui résident présentement au Québec et qui voudraient se prévaloir du programme ne pourront donc pas y accéder, à moins de quitter la province et de soumettre une demande dans une autre province ou territoire. 

Le programme prévoit des espaces dédiés aux candidat·es francophones, et une majorité de places sera réservée aux diplômé·es internationaux et aux travailleurs et travailleuses qualifié·es dans le domaine de la santé. Quelque 30 000 places sont également réservées aux travailleurs et travailleuses dans d’autres postes jugés essentiels. L’inclusion des secteurs de l’agriculture, de la transformation des aliments, du nettoyage et des ventes, des secteurs vitaux au sein de la société qui sont traditionnellement peu valorisés, est par ailleurs accueillie favorablement. Rappelons que malgré une forte demande de main d'œuvre dans ces secteurs, la résidence permanente est rarement accordée aux travailleurs et travailleuses qui occupent ces postes essentiels. Ces personnes se retrouvent ainsi fréquemment en situation de grave précarité et de vulnérabilité aux violations des droits humains. 

Bien que le programme fédéral soit plus inclusif, de nombreuses barrières à l’admissibilité demeurent, notamment: 

  • Les occupations essentielles sélectionnées excluent toujours beaucoup de postes essentiels, dont ceux des travailleurs et travailleuses d’entrepôt;

  • Le nombre de 30 000 places est minime en comparaison avec le nombre de travailleurs et travailleuses essentiel.le.s sur le territoire;

  • Les frais pour la soumission d’une demande sont nombreux et élevés: examen linguistique, frais de traitement, frais juridiques et frais de consultation pour la préparation d’une demande;

  • Le niveau de langage exigé en français ou en anglais, surtout lorsqu’on considère que ces travailleurs et travailleuses n’ont pas accès aux cours de langue subventionnés par le gouvernement.

Dans le contexte qu’on connaît, il est grand temps que l’ensemble des personnes sans statut ou à statut précaire voient leur situation régularisée.