Amnistie internationale remporte un Webby Award pour son projet multimédia sur les gaz lacrymogènes
Le projet multimédia en ligne d’Amnistie internationale Tear Gas: An Investigation, a remporté le 18 mai un prestigieux prix Webby Award dans la catégorie meilleur site web d’activité militante au monde.
Salué comme décernant les prix « les plus prestigieux concernant l’Internet » par The New York Times, la 25e édition des Webby Awards, présentée par l’International Academy of Digital Arts and Sciences (IADAS), a récompensé ce qui se fait de mieux sur Internet.
« Nous sommes ravis de cette distinction, reflet du travail de qualité accompli par notre équipe et nos partenaires, qui ont travaillé dur pour que le site Tear Gas: An Investigation soit le plus informatif, pertinent, facile à utiliser et visuellement attractif possible, a déclaré Sam Dubberley, responsable du Laboratoire de preuves d’Amnistie internationale.
« C’est un immense honneur de voir ce site apprécié à ce point par les juges des Webby Awards et par le public, et nous espérons que ce coup de projecteur permettra d’attirer l’attention sur le grave problème qu’il expose. Quand ils sont utilisés de façon abusive par les forces de police, les gaz lacrymogènes et les autres armes à létalité réduite peuvent blesser et tuer, en violation du droit international relatif aux droits humains et des normes connexes. Il faut que les transferts et l’utilisation des gaz lacrymogènes soient mieux règlementés à l’échelle mondiale. »
Nombre record de participations pour les Webby Awards
Cette année, les Webby Awards ont enregistré 13 500 participations représentant 70 pays, un chiffre sans précédent. Amnistie internationale a remporté le People’s Voice Award (prix du public) dans la catégorie « militantisme ».
« Les nominés comme Amnistie internationale montrent la voie à suivre en termes d’innovation et de créativité sur Internet, a déclaré Claire Graves, directrice des Webby Awards.
« C’est un véritable exploit que d’être sélectionné comme faisant partie des meilleures candidatures parmi les 13 500 participations enregistrées cette année. »
Les projets lauréats ont été annoncés mardi 18 mai, et distingués lors d’une cérémonie virtuelle présentée par l’actrice, écrivaine, podcastrice et militante Jameela Jamil.
Au nom d’Amnistie internationale, cinq militant·e·s du mouvement mondial de défense des droits humains basés à Beyrouth, Hong Kong, Lima, Nairobi et Washington ont prononcé l’un des célèbres discours en cinq mots des Webby Awards : « Protégez le droit de manifester. »
Conception du site web à l’issue d’une vaste enquête
Le Laboratoire de preuves du programme Réaction aux crises d’Amnistie internationale a commencé à mener des recherches sur l’utilisation abusive des gaz lacrymogènes à travers le monde en 2019, principalement en examinant des vidéos publiées sur des plateformes de réseaux sociaux.
En employant des méthodes d’investigation basées sur des informations disponibles en accès libre, l’organisation a vérifié et mis en avant des cas d’utilisation abusive des gaz lacrymogènes. Cette analyse a été effectuée par le Service de vérification numérique d’Amnistie internationale, qui est un réseau de personnes étudiant dans sept universités sur quatre continents qui ont reçu une formation pour vérifier l’origine et la fiabilité de contenus publiés sur les réseaux sociaux.
Le site web qui en a résulté – et qui a été rendu public en juin 2020 et conçu en partenariat avec Xpon Digital – comprend une carte du monde interactive avec des vidéos illustrant plus de 100 cas d’utilisation abusive des gaz lacrymogènes dans 31 pays et territoires. Il présente également une série d’interviews d’expert·e·s, ainsi qu’une vidéo, intitulé Choking Dissent et produite avec le SITU Research, qui examine les caractéristiques de performance des gaz lacrymogènes, explique le fonctionnement des bombes lacrymogènes et montre que leur utilisation abusive peut causer des blessures et tuer. De nouveaux cas ont été ajoutés en février 2021 sur le site web, qui sera régulièrement mis à jour.
Amnistie internationale et la Fondation de recherche Omega mènent campagne depuis plus de 20 ans pour que la fabrication, le commerce et l’utilisation des gaz lacrymogènes et d’autres types d’équipements et d’armes destinés au maintien de l’ordre soient mieux contrôlés. Grâce à ce travail de campagne, l’ONU et des organes régionaux tels que le Conseil de l’Europe ont reconnu la nécessité de règlementer l’exportation de ces articles.
Les initiatives diplomatiques de haut niveau menées par les plus de 60 États de l’Alliance pour un commerce sans torture, avec le soutien d’Amnistie internationale et d’Omega, ont conduit l’ONU à étudier la possibilité de mettre en place un système de contrôle du commerce international des équipements et armes destinés au maintien de l’ordre, ainsi que d’autres articles, afin d’empêcher qu’ils ne soient utilisés pour commettre des actes de torture et d’autres mauvais traitements et pour infliger la peine de mort. Amnistie internationale et Omega insistent actuellement pour que ces mesures incluent les gaz lacrymogènes et d’autres substances chimiques irritantes.