Le programme de lutte antiterroriste de l’UE porte un coup terrible aux droits fondamentaux
Réagissant au programme de lutte contre le terrorisme de l’Union européenne (UE) annoncé par la Commission européenne aujourd’hui dans le cadre de son Paquet Union de la sécurité, Eve Geddie, directrice du Bureau d’Amnistie internationale auprès des institutions européennes, a déclaré :
« Le postulat sur lequel repose cette proposition est vicié. Elle avance à tort qu’un renforcement de la surveillance et des restrictions supplémentaires de notre liberté d'expression sont le prix à payer pour notre sécurité, alors qu’en réalité nos droits fondamentaux sont encore plus importants en temps de crise. Le programme de l’UE porte un coup terrible à tous nos droits, en s’en prenant au cryptage et en élargissant la surveillance, notamment au moyen de drones dans les espaces publics.
« Cette proposition ne cache pas son intention d’accroître les investissements dans les technologies de prédiction des "comportements anormaux ou déviants et des risques de radicalisation". Il est erroné de penser que ces technologies sont neutres. Nous savons qu’elles ciblent souvent des personnes appartenant à certains groupes religieux ou ethniques. Ce profilage, de même que tant d’autres mesures de lutte antiterroriste, a des effets discriminatoires principalement pour les personnes musulmanes et pour celles qui sont considérées comme étant musulmanes. »
« Nombre de ces mesures menacent de violer le droit à la liberté d'expression, notamment en ce qui concerne le ciblage des activités en ligne, y compris de l’expression non violente d’opinions. L’UE doit veiller à ce que toutes les formes d’expression légales soient protégées, y compris les discours polémiques ou choquants. »
« Le fait de mettre en péril les droits fondamentaux et de stigmatiser des minorités ne renforcera pas notre sécurité, cela ne fera qu’attiser les divisions. »