Il faut libérer les centaines de travailleurs·euses migrants placés en détention arbitraire
Les autorités bangladaises doivent libérer immédiatement les quelque 370 travailleurs·euses migrants bangladais placés en détention arbitraire entre juillet et septembre à la suite de leur retour au pays, a déclaré Amnistie internationale.
Dans le cadre de la quatrième vague d’arrestations de travailleurs migrants qui se seraient livrés à des activités illégales à l’étranger, 32 personnes ont été placées en détention à Dacca dimanche 28 septembre pour avoir « terni l’image du pays » parce qu’elles auraient été incarcérées en Syrie, pays d’où elles ont été expulsées. Dans ce cas-là, comme dans trois autres, aucune preuve crédible des faits qui leur sont reprochés n’a été apportée et aucune inculpation n’a été prononcée.
La détention arbitraire de ces personnes est contraire au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel le Bangladesh est partie.
« Les autorités bangladaises n’ont pas présenté de preuves crédibles attestant des infractions qu’auraient commises ces travailleurs, et n’ont pas non plus prononcé d’inculpations précises. Ces hommes et ces femmes sont détenus de manière arbitraire, en violation flagrante des obligations du Bangladesh relatives aux droits humains, a déclaré David Griffiths, directeur du bureau du Secrétaire général d’Amnistie internationale.
« Nombre d’entre eux étant détenus depuis plusieurs mois, il n’y a plus de temps à perdre. Les autorités bangladaises doivent les inculper d’une infraction dûment reconnue par la loi ou les libérer immédiatement. »
Ces 32 travailleurs·euses ont d’abord été incarcérés en Syrie alors qu'ils tentaient de gagner l'Italie et d'autres pays européens. Ils sont arrivés au Bangladesh le 13 septembre, après que le gouvernement syrien a commué leurs peines de prison, et ont passé deux semaines en quarantaine avant d’être arrêtés.
De juillet à septembre, la police bangladaise a envoyé derrière les barreaux au moins 370 travailleurs et travailleuses migrants revenus au Bangladesh, au titre de l’article 54 du Code de procédure pénale, qui permet aux policiers d’arrêter quelqu’un s’ils ont des « raisons de soupçonner » que cette personne est impliquée dans un acte illégal commis à l’extérieur du territoire national.
Le 5 juillet 2020, 219 travailleurs bangladais, qui étaient revenus du Koweït, de Bahreïn et du Qatar depuis le mois de mai, ont été arrêtés et placés en détention. D’après la requête déposée par la police auprès d’un tribunal de Dacca, ils se trouvaient derrière les barreaux dans ces pays parce qu’ils avaient commis « diverses infractions », qui n’étaient pas précisées. Ils ont été expulsés vers le Bangladesh après la commutation de leurs sentences. Le tribunal a accédé à la demande de la police de détenir ces 219 personnes jusqu’à ce que son enquête permette de déterminer la nature de leur infraction.
Puis, le 21 juillet, la police a arrêté 36 travailleurs·euses migrants revenant du Qatar. Le 1er septembre, elle en a interpellé 81 qui revenaient du Viêt-Nam et deux autres du Qatar, qui avaient été exploités par des trafiquants d’êtres humains.
« La police bangladaise s’est vu accorder l’autorisation par un tribunal de maintenir ces travailleurs et ces travailleuses en détention aussi longtemps qu’elle le souhaite. Impossible de dire combien de temps prendra une enquête portant sur des centaines de cas impliquant plusieurs pays. Il est inacceptable de maintenir des personnes en détention sans inculpation pour une durée aussi indéterminée », a déclaré David Griffiths.
Complément d’information
L’article 9 du PIDCP garantit le droit à la liberté et à la sécurité de tous et dispose explicitement : « Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut faire l'objet d'une arrestation ou d'une détention arbitraire. Nul ne peut être privé de sa liberté, si ce n'est pour des motifs et conformément à la procédure prévus par la loi. »
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