• 5 avr 2020
  • Chine
  • Communiqué de presse

La liberté de Wang Quanzhang est « illusoire » tant que les autorités n’auront pas levé les restrictions dont il fait l’objet

En apprenant la libération de Wang Quanzhang, avocat chinois spécialiste des droits humains, après quatre ans et demi d’emprisonnement pour « subversion de l’État », Doriane Lau, chercheuse sur la Chine à Amnistie internationale, a déclaré :

« Nous avons des motifs de craindre que la libération de Wang Quanzhang n’offre à cet homme qu’une liberté illusoire. Les autorités chinoises ont depuis longtemps pour pratique de surveiller et de contrôler les défenseur·e·s des droits humains, même une fois qu’ils sont sortis de prison.

« Ce dimanche 5 avril marque la fin de l’incarcération injuste de Wang Quanzhang, mais la campagne menée contre lui pour des raisons politiques ne fait qu’entrer dans une nouvelle phase. Malgré sa remise en liberté, il fera l’objet d’une surveillance étroite et ne pourra pas rentrer chez lui, où sa femme et son enfant l’attendent depuis quatre ans et demi.

« Wang Quanzhang a été la cible des autorités parce que, en sa qualité d’avocat, il défend les droits humains et contribue à dénoncer la corruption. Cet homme n’aurait jamais dû être incarcéré, mais maintenant qu’il a purgé sa peine, les autorités doivent immédiatement lever toutes les restrictions dont il fait l’objet et l’autoriser à rentrer chez lui, auprès de sa famille. »

Complément d’information

L’administration pénitentiaire a indiqué à Wang Quanzhang qu’il ne pouvait pas retourner à Pékin, où vit sa famille, et qu’il devait rester dans sa ville natale, Jinan, située à 400 km de la capitale chinoise, où il sera très probablement surveillé en permanence par les autorités et ne pourra pas se déplacer librement.

Samedi 4 avril, la police a menacé la sœur de l’avocat, lui intimant l’ordre de ne pas venir le chercher à sa sortie de prison. Sa famille a seulement été informée qu’il était renvoyé à Jinan pour y être mis en quarantaine pendant 14 jours en raison d’une flambée de COVID-19 dans une prison de la province du Shandong. Elle ne sait pas s’il est en bonne santé ou s’il est surveillé par la police.

Wang Quanzhang a initialement été arrêté le 3 août 2015, dans le cadre d’une vaste opération du gouvernement chinois qui s’est traduite par l’arrestation de près de 250 avocat·e·s et militant·e·s des droits humains.

Ce n’est qu’en juillet 2018 qu’un avocat a informé sa famille qu’il était en vie et se trouvait en détention à Tianjin. À l’issue d’un procès inéquitable, il a été condamné en janvier 2019 à quatre ans et demi d’emprisonnement pour « subversion de l’État ». Ces accusations ont été forgées de toutes pièces.

La femme et le fils de Wang Quanzhang n’ont été autorisés à lui rendre visite qu’en juin 2019, soit près de quatre années après qu’il a été placé en détention.

Amnistie internationale craint fortement qu’il n’ait été soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements pendant son incarcération. Son épouse Li Wenzu, harcelée et surveillée en permanence depuis 2015, a confié qu’il était devenu « un tout autre homme » après l’avoir vu en 2019.

Avant d’être placé en détention, Wang Quanzhang travaillait sur des sujets jugés sensibles par le gouvernement chinois : il défendait notamment la liberté religieuse et représentait des membres du Mouvement des nouveaux citoyens, un réseau de militants et militantes qui prônent la transparence au sein des pouvoirs publics et dénoncent la corruption. En raison de son rôle d’avocat dans des affaires de ce type, il avait fréquemment été la cible d’actes d’intimidation avant son incarcération.

De nombreux militant·e·s et avocat·e·s visés dans le cadre de l’opération de 2015 ont été étroitement surveillés et privés de leur liberté de se déplacer une fois relâchés. L’avocat spécialiste des droits humains Jiang Tianyong a disparu juste après avoir purgé une peine de deux ans d’emprisonnement. Il a par la suite été renvoyé dans sa ville, où lui et sa famille ont été étroitement surveillés et suivis par les autorités.

 

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