Le gouvernement doit « ouvrir le robinet » maintenant et de manière durable
Avant que la pandémie de COVID-19 ne se répande, en Afrique du Sud, plus de trois millions de personnes n’avaient pas accès à un approvisionnement suffisant en eau et 14,1 millions de personnes n’avaient pas accès à des installations sanitaires sûres, d’après le Plan directeur national de l’eau et de l’assainissement. Pourtant, depuis plusieurs semaines, le gouvernement conseille à la population de se laver régulièrement les mains avec de l’eau et du savon.
Alors qu’Amnistie internationale Afrique du Sud lance aujourd’hui, mercredi 15 avril, sa campagne intitulée Right To Water: Turn On The Tap (Droit à l’eau : ouvrez le robinet), elle invite le gouvernement sud-africain à veiller de toute urgence à ce que chacune et chacun ait un accès suffisant, sûr et fiable à l’eau, à titre de mesure de précaution contre le coronavirus COVID-19 et avec pour objectif que cela devienne la réalité pour tous, de manière permanente.
Le gouvernement s’est engagé à approvisionner en eau 2 000 communautés en Afrique du Sud durant la pandémie. Nous reconnaissons que le Département de l’eau et de l’assainissement a pris des mesures pour faire face à la crise de l’eau durant l’épidémie de COVID-19 et a assuré aux populations concernées que l’eau serait acheminée à celles et ceux qui en ont besoin.
Cependant, il doit intensifier ses efforts de toute urgence et veiller, dans le cadre de la planification et de l’adduction de l’eau, à se montrer :
- transparent au niveau de la communication et de l’information s’agissant de savoir à quelles communautés l’eau est fournie, la distance à parcourir pour avoir accès à l’eau et la quantité d’eau distribuée par foyer ;
- respectueux de ses engagements, et doit notamment s’assurer que les municipalités surveillent les niveaux d’eau, afin que les habitant·e·s aient un accès suffisant, sûr et fiable à l’eau chaque jour et puissent se laver régulièrement les mains avec du savon ;
- progressif, afin qu’un accès équitable à l’eau, en quantité comme en qualité, devienne une réalité pour tous, même après la pandémie de COVID-19.
Dans le cadre de sa campagne Right To Water: Turn on the Tap, Amnistie internationale Afrique du Sud demande à la ministre de l'Habitat, de l'eau et de l'assainissement de reconnaître que de nombreuses personnes en Afrique du Sud sont privées de leur droit constitutionnel et fondamental à l’eau, et de s’engager publiquement à fournir à tous un accès équitable à l’eau, aujourd’hui et de manière permanente.
Avant l’épidémie de COVID-19, les chiffres du gouvernement montraient que :
* 5,3 millions de foyers (soit 35 %) n’avaient pas accès à une eau potable sûre et fiable – ce qui représente environ 20 millions de personnes ;
* 56 % des stations de traitement des eaux usées et 44 % des installations de traitement des eaux étaient dans un état médiocre ou critique ;
* 11 % des installations d’eaux usées et du réseau hydraulique général dysfonctionnaient ;
* 41 % de l’eau municipale en Afrique du Sud ne générait pas de revenus ;
* 35 % de l’eau municipale était perdue en raison des fuites.
Dans son Plan directeur national de l’eau et de l’assainissement, lancé en 2019, le gouvernement s’est engagé à atteindre l’objectif de fournir de l’eau fiable et sûre à 100 % des foyers sud-africains d’ici 2030.
Il est temps qu’il le mette en place de manière durable, et pas seulement durant la crise, et concrétise le droit à l’eau pour tous.
Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin que notre gouvernement accorde la priorité aux personnes et fasse en sorte que toutes aient accès à l’eau dont elles ont besoin pour garantir leur sécurité.
Complément d’information
Le gouvernement sud-africain est tenu au titre des lois et des normes nationales et internationales de réaliser le droit à l’eau.
Le gouvernement national, agissant par l’intermédiaire de la ministre de l'Habitat, de l'eau et de l'assainissement, doit veiller à ce que l’eau soit protégée, utilisée, développée, conservée, gérée et contrôlée de manière durable et équitable, pour le bénéfice de tous et conformément à son mandat constitutionnel.
La pandémie de COVID-19 braque les projecteurs sur ce mandat, de nombreux habitant·e·s en Afrique du Sud étant déjà vulnérables et fortement exposés au risque de contracter le virus, parce qu’ils n’ont pas accès à des mesures de protection, notamment pas d’accès suffisant à l’eau pour pouvoir se laver régulièrement les mains.
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