Les autorités doivent redoubler d’efforts pour respecter leurs engagements en matière de droits du travail avant la Coupe du monde de 2022
La Coupe du monde de 2022 aura lieu dans moins de quatre ans, et les autorités qatariennes risquent de ne pas respecter l’engagement qu’elles ont pris de régler le problème de l’exploitation généralisée de milliers de travailleurs migrants dans le pays, a déclaré Amnistie internationale le 5 février.
Dans un nouveau rapport intitulé Reality Check: The state of migrant workers’ rights with less than four years to go until the Qatar 2022 World Cup, l’organisation examine les réformes très médiatisées entreprises par le Qatar, et révèle que les autorités ont encore beaucoup à faire pour respecter et protéger totalement les droits de près de deux millions de travailleurs migrants.
« Les autorités qatariennes ne doivent pas perdre davantage de temps si elles veulent mettre en place un cadre dont tous se féliciteront, à savoir un régime du travail mettant fin aux abus et aux souffrances infligés chaque jour à de très nombreux travailleurs migrants, a déclaré Stephen Cockburn, directeur adjoint du programme Thématiques mondiales à Amnistie internationale.
« Les autorités qatariennes ont pris d’importantes mesures pour protéger les droits du travail, mais il reste encore beaucoup à faire. Les réformes qui ont été adoptées jusqu’à présent comportent des lacunes et de ce fait, de nombreux travailleurs continuent d’être soumis à des conditions de travail très difficiles et d’être exposés à l’exploitation et à des abus, et ceux qui retournent chez eux le font les mains vides, sans indemnisation et sans pouvoir obtenir justice. »
Amnistie internationale demande au Qatar d’abolir totalement le système de parrainage abusif appelé kafala qui, malgré de récentes réformes, continue de lier des travailleurs à des employeurs peu scrupuleux pour des périodes pouvant aller jusqu’à cinq ans.
En novembre 2017, le Qatar a signé un accord avec l’Organisation internationale du travail (OIT) des Nations unies aux termes duquel il s'engage à modifier sa législation pour la mettre en conformité avec les normes internationales en matière de travail.
Depuis, les autorités ont adopté plusieurs lois visant à améliorer la situation des travailleurs migrants, notamment avec la mise en place d’un salaire minimum, d’un cadre législatif pour les employés de maison, de nouvelles commissions chargées de régler les conflits en matière de travail, et en créant un fonds d’aide et d’assurance pour les travailleurs.
Les autorités ont aussi supprimé pour la plupart des travailleurs migrants l’obligation qu’ont les employés d’obtenir un « permis de sortie » auprès de leur employeur pour pouvoir quitter le pays.
Cependant, en raison des restrictions que prévoient certaines des réformes adoptées jusqu’à présent, de nombreux travailleurs migrants continuent d’être exposés au Qatar au risque d’être soumis au travail forcé, à des restrictions de leurs déplacements et à d’autres violations de leurs droits fondamentaux.
Du fait du système de kafala, qui persiste malgré des réformes partielles, les travailleurs ne peuvent pas changer de travail sans l’autorisation de leur employeur. Ils peuvent être sanctionnés pénalement en cas de « tentative de fuite » et risquent de voir leur passeport confisqué.
Le salaire minimum pour les intérimaires dépasse à peine les 200 dollars par mois, les nouveaux tribunaux qui ont été mis en place pour régler les affaires d’abus, notamment de non-paiement du salaire, sont débordés, et des centaines de travailleurs sont retournés chez eux sans avoir obtenu justice et sans indemnisation.
Parallèlement à cela, les employés de maison restent soumis à l’obligation d’obtenir un « permis de sortie » pour pouvoir quitter le pays, et beaucoup continuent d’être exposés à des abus malgré la timide loi relative aux employés de maison qui a été adoptée en 2017.