Le gouvernement du président Andrés Manuel Lopez Obrador doit accorder la priorité aux droits humains
Le gouvernement du président Andrés Manuel Lopez Obrador a pris des mesures pour améliorer la situation des droits humains au Mexique durant les 100 premiers jours de son mandat, mais il doit encore prendre les initiatives décisives qui permettront de convaincre le pays de sa volonté d’apporter un changement, a déclaré Amnistie internationale le 12 mars.
« L’histoire du Mexique est marquée depuis longtemps par des violations des droits humains. Ces dernières années, le pays a traversé une grave crise. Alors que des organisations de défense des droits humains et des associations de victimes se battent depuis plusieurs décennies pour obtenir le respect de ces droits, il serait tragique que le pays manque cette occasion de changer de cap, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnistie internationale.
« Le président Andrés Manuel Lopez Obrador doit reconnaître que le pays est confronté à d’immenses défis en matière de droits humains et accorder la priorité aux mesures destinées à relever ces défis. Le moment est venu de prendre des mesures concrètes pour que les choses changent réellement. Le président mexicain doit de façon prioritaire prendre acte du travail accompli par les défenseur·e·s des droits humains et les organisations de défense de ces droits, et les soutenir. »
Fin novembre, Amnistie internationale a adressé une lettre ouverte au président López Obrador exposant des recommandations pour des mesures précises à prendre pendant les 100 premiers jours de son mandat afin d’améliorer la situation des droits humains. Pour conclure cette campagne, l’organisation a écrit une autre lettre récapitulant les avancées réalisées et réitérant l’appel lancé en faveur d’autres mesures.
« Le discours qui a été tenu et les mesures qui ont été prises au cours des 100 premiers jours du nouveau gouvernement ont été discordants. Nous avons pris bonne note de la volonté du gouvernement de reconnaître la responsabilité de l’État en ce qui concerne certains crimes de droit international et certaines violations graves des droits humains commis dans le passé, et de présenter des excuses aux victimes, a déclaré Tania Reneaum, directrice exécutive d’Amnistie internationale Mexique.
« Nous sommes toutefois au regret de constater qu’aucune avancée n’a été réalisée quant à d’importantes questions telles que la reconnaissance de la compétence du Comité des Nations unies sur les disparitions forcées pour prendre connaissance des cas concernant le Mexique, et la ratification de l’Accord d’Escazú, traité international visant à protéger les défenseur·e·s de l’environnement », a ajouté Tania Reneaum.
La Constitution a récemment été modifiée pour permettre la création d’une Garde nationale, à laquelle participera l’armée pour une période de cinq ans. Il sera crucial que le président et le gouvernement garantissent le respect des normes internationales relatives aux droits humains, notamment en ce qui concerne un commandement civil et une reddition de compte pleine et entière devant un organe civil indépendant disposant des connaissances nécessaires. Le gouvernement mexicain doit utiliser cette réforme de la Constitution comme point de départ pour la mise en place d’un plan de retrait des forces armées de toutes les tâches de sécurité publique.
Des progrès ont certes été réalisés, notamment en ce qui concerne la recherche de la vérité et de la justice dans des cas de violations des droits humains, avec la création d’une commission chargée d’enquêter sur l’affaire Ayotzinapa, qui a commencé ses travaux le 15 janvier ; et aussi avec l’engagement pris par Alejandro Encinas, sous-secrétaire aux droits humains, de mettre en place un programme de recherche des personnes disparues, placé sous la responsabilité de la Commission nationale de recherche, qu’Amnistie internationale espère voir prochainement mis en œuvre.
« Au cours de ces 100 jours, nous avons observé de petits changements et, de manière générale, de bonnes intentions, mais des mesures supplémentaires sont nécessaires pour que la situation des droits humains au Mexique puisse véritablement changer », a souligné Tania Reneaum.