Les autorités doivent enquêter sur la mort en détention d’un Arabe ahwazi
Les autorités iraniennes doivent mener sans délai une enquête efficace et impartiale sur les circonstances douteuses entourant la mort d’un détenu âgé de 28 ans, membre de la minorité arabe ahwazie, a déclaré Amnistie internationale.
Benyamin Alboghbiesh a été arrêté le 26 mai. Un mois plus tard, le 26 juin, un agent des services de renseignement qui serait lié aux pasdaran (gardiens de la révolution) a informé sa famille qu’il était mort au centre de détention d’Ahvaz, dans le sud de l’Iran. Son corps n’a toujours pas été restitué à sa famille.
Étant donné l’usage systématique de la torture dans les centres de détention iraniens, la mort d’un jeune homme, membre d’une minorité ethnique fortement persécutée et n’ayant aucun problème de santé connu, si rapidement après son arrestation, fait craindre qu’il n’ait été soumis à des actes de torture ou d’autres mauvais traitement qui ont pu causer sa mort ou y contribuer.
« Benyamin Alboghbiesh était un jeune adulte en bonne santé lorsqu’il a été arrêté. Son décès inquiétant un mois plus tard soulève des interrogations quant à son traitement et ses conditions de détention, y compris l’usage possible de la torture. Les autorités iraniennes doivent ordonner immédiatement une enquête efficace et impartiale sur sa mort, et notamment une autopsie indépendante, a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnistie internationale.
« En s’abstenant d’enquêter dûment sur des morts en détention potentiellement illégales, l’État bafoue le droit à la vie. Toute personne reconnue responsable de la mort de Benyamin Alboghbiesh doit rendre des comptes dans le cadre d’un procès équitable, sans recours à la peine de mort. »
Les autorités iraniennes sont notoirement connues pour soumettre les détenus à la torture et à d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, bien souvent dans le but de leur extorquer des « aveux ».
« Les autorités iraniennes doivent prendre des mesures concrètes pour faire en sorte que tous les détenus soient protégés contre la torture et les autres mauvais traitements, notamment en permettant aux prisonniers de consulter sans délai l’avocat de leur choix, dès le moment de l’arrestation et au cours des interrogatoires », a déclaré Philip Luther.
Amnistie internationale a recueilli des informations sur les morts en détention dans des circonstances suspectes en Iran et a recensé 11 cas depuis décembre 2017. Les autorités ne mènent pas de véritable enquête sur les cas de torture et de morts en détention, ce qui s’inscrit dans le cadre d’une impunité bien ancrée dans le pays.
Il est essentiel de mener des enquêtes et d’engager des poursuites pour éviter de futures violations des droits humains et garantir les droits des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations.
Complément d’information
Benyamin Alboghbiesh a été arrêté pour la première fois le 15 mars 2018, avec son frère Mohammad Ali et leur mère Maryam Zobeidi. Tous trois ont été accusés d’infractions liées à la sécurité nationale, semble-t-il en raison de leurs liens avec un membre de leur famille à l’étranger soupçonné de collaborer avec des groupes séparatistes armés.
Benyamin Alboghbiesh et son frère ont été libérés sous caution quelques mois plus tard, tandis que leur mère était transférée à la prison de Sepidar, à Ahvaz, et libérée sous caution par la suite aux alentours de décembre 2018. Les deux hommes ont de nouveau été arrêtés début 2019 et libérés sous caution deux mois plus tard.
Le 26 mai 2019, ils ont une nouvelle fois été arrêtés, ainsi que leur mère. Benyamin Alboghbiesh a été transféré dans un centre de détention qui serait sous le contrôle des pasdaran. Son frère a été transféré à la prison de Sheyban, à Ahvaz, et leur mère à celle de Sepidar, où ils demeurent incarcérés.
Depuis fort longtemps, les autorités iraniennes infligent persécutions et discriminations aux membres de la communauté arabe ahwazie.