• 15 Juil 2019
  • International
  • Communiqué de presse

La Génération Z a raison au sujet du changement climatique

Tandis qu’Extinction Rebellion lance une nouvelle vague de manifestations à travers l’Europe, James Mair nous livre ses réflexions sur les raisons qui nous imposent d’agir

« Je vais être en retard au travail à cause de vous ! Vous autres vous n’avez pas de boulot ! », hurlait une femme au visage écarlate lors de la marche des jeunes pour le climat le mois dernier à Londres. Il est vrai qu’en occupant le pont de Westminster, les lycéens avec qui je me trouvais ont causé un certain dérangement, mais c’était le but. Ceux qui doivent prendre les transports ont sans doute été en retard, mais nous n’aurons pas de lieu de travail ni même une planète saine où vivre si nos gouvernements ne prennent pas des mesures immédiates pour lutter contre le changement climatique.

Ce jour-là, j’étais avec un petit groupe de lycéens, mais nous faisons partie d’un mouvement en croissance constante. Au mois de mai, plus d’un million de jeunes dans 1 600 villes à travers plus de 125 pays ont participé aux grèves scolaires pour la justice et ces derniers mois, Extinction Rebellion a organisé des actions créatives autour du monde. Aujourd’hui en Grande-Bretagne, elle lance ce qu’elle appelle un « soulèvement de l’été », des actions destinées à perturber la vie dans les villes à travers le pays.

Peut-être allez-vous contester le fait qu’occuper les routes et perturber la circulation soit le meilleur moyen d’amener le changement, mais il est clair que ces actions incitent les gens à discuter et forcent à inscrire la question du changement climatique sur l’agenda politique.

La plupart d’entre nous sommes conscients des effets catastrophiques du dérèglement climatique – des sécheresses prolongées aux cyclones dévastateurs, des canicules aux grands incendies. Mais le changement climatique ne perturbe pas seulement la nature. Il va également accroître les inégalités, portant atteinte à nos droits à la vie, à la santé, à l’alimentation, a l’eau, au logement et aux moyens de subsistance. Comme le dit Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnistie internationale : « Il est on ne peut plus clair que le changement climatique a déjà des conséquences sur les droits humains. Et que ces conséquences ne feront que s’aggraver dans les années à venir. »

Le changement climatique n’est pas seulement une autre question politique ou morale que les citoyens et les responsables politiques peuvent se permettre d’ignorer. Il met en péril la survie de l’humanité et nos droits fondamentaux. Pourtant, il semble que certains – tout particulièrement ma génération, la « Génération Z », de sept à 22 ans – le comprennent mieux que d’autres.

C’est notamment le cas de Greta Thunberg, 16 ans, qui, inspirée par les jeunes du mouvement March for Our Lives (Marche pour nos vies) en faveur du contrôle des armes aux États-Unis, a créé un mouvement de la jeunesse pour l’action climatique.

Les jeunes sont souvent dénigrés pour leur passivité par les générations précédentes qui considèrent notre obsession des portables et des réseaux sociaux comme un signe de lassitude. En fait, la Génération Z se sert de la technologie pour se mobiliser et nous sommes en train de faire évoluer les mentalités chez les jeunes.

Ayant grandi avec l’accès instantané à l’information qu’offre Internet, la Génération Z va devenir la plus informée de tous les temps. Équipés de messageries instantanées et de téléphones portables, les jeunes peuvent très facilement se mobiliser massivement pour les causes qui leur tiennent à cœur. Une armée de jeunes gens peut se rassembler derrière la cause du changement climatique en cliquant sur un bouton et se coordonner pour mener des actions de désobéissance civile, telles que les manifestations et l’occupation pacifiques.

Tout comme les générations passées l’ont fait pour les grandes causes de leur époque, la Génération Z descend dans les rues pour réclamer le changement sur des sujets qui lui tiennent à cœur – avec une légère différence : leur déploiement tactique sur les réseaux sociaux rend l’action accessible à tous.

Il est triste que la responsabilité de sauver notre climat de l’effondrement revienne aux collégiens, lycéens et étudiants, mais c’est une responsabilité que nous sommes prêts à assumer.

Lors de la manifestation le mois dernier, alors que nous bloquions le pont de Westminster, un policier nous a mis en garde : « Un casier judiciaire et c’est fini. Votre avenir est fichu. » Mais sans un climat stable, notre avenir sera fichu. Je préfère avoir un casier judiciaire que me rendre complice de cette destruction. Le changement climatique est une question qui touche tout le monde et particulièrement les plus jeunes d’entre nous. Peut-être nous excuserons-nous de vous faire arriver en retard au travail lorsque vous vous excuserez de ruiner notre avenir.

Comme l’a dit récemment Greta Thunberg : « Nous ne pouvons pas sauver le monde en respectant les règles du jeu, car les règles doivent changer. »

James Mair, lycéen de 15 ans, est membre d’Amnistie internationale.