Les accusations absurdes visant un militant pro-démocratie, arrêté pour une chanson critiquant l’armée, doivent être abandonnées
En réaction aux accusations portées à l’encontre du militant pro-démocratie et défenseur des droits humains Robertus Robet, arrêté dans la nuit du 7 mars parce qu’il avait critiqué les Forces armées indonésiennes, Usman Hamid, directeur d’Amnistie internationale Indonésie, a déclaré :
« Il s’agit d’une manœuvre flagrante et ridicule visant à intimider et réduire au silence Robertus Robet, parce qu’il a émis des critiques pacifiques vis-à-vis de l’armée. C’est un universitaire et la seule chose dont il est coupable, c’est d’avoir exprimé ses opinions sur la proposition visant à nommer de hauts gradés de l’armée à des postes de pouvoir au sein du gouvernement.
« La police doit abandonner ces charges sans fondement retenues à l’encontre de Robertus Robet et garantir sa sécurité et celle de sa famille contre d’éventuelles représailles. »
Complément d’information
L’unité de lutte contre la cybercriminalité de la police nationale indonésienne a arrêté Robertus Robet le 7 mars juste après minuit, heure de Djakarta. Il a été relâché en milieu d’après-midi. Il a été interpellé après que la vidéo d’un discours qu’il a prononcé lors d’une manifestation devant le palais présidentiel jeudi 28 février a été postée sur diverses plateformes de réseaux sociaux.
Dans son discours, il comparait l’éventuelle nomination de responsables militaires dans d’autres institutions gouvernementales à l’ère de l’Ordre nouveau (1966 - 1998), lorsque l’Indonésie avait à sa tête un gouvernement soutenu par les militaires, et a chanté une chanson critiquant l’armée pendant cette période. Robertus Robet comptait parmi les militants pro-démocratie qui, avec des étudiants, se sont battus pour renverser le président de l’époque, Soeharto, en 1998. Depuis, il a fait activement campagne en faveur d’une réforme de l’armée. Il est également cofondateur d’Amnistie internationale Indonésie.
Il est inculpé de diffamation pénale en ligne au titre de l’article 28(2) de la loi répressive relative aux informations et aux transactions électroniques (ITE) et de l’article 207 du Code pénal indonésien, pour avoir insulté une autorité ou une institution publique. S’il est déclaré coupable, il encourt jusqu’à six ans de prison.
La Loi relative aux informations et aux transactions électroniques, qui encadre l’information sur Internet, est formulée en termes flous qui sont détournés par le gouvernement en vue de criminaliser la liberté d’expression, de pensée, de conscience et de religion en Indonésie. L’article 207 du Code pénal criminalise toute forme d’expression considérée comme un outrage à une autorité ou à une institution publique en Indonésie.