Le sommet du G7 est assombri par la répression exercée contre les manifestants
* 100 manifestants arrêtés par les autorités françaises et bien d’autres privés du droit de manifester pacifiquement.
* Les discussions du sommet sur la crise climatique et l’égalité de genre sont affaiblies par les lourdes restrictions imposées aux déplacements des manifestants qui ont pourtant contribué à faire inscrire ces questions à l’ordre du jour.
* Des porte-parole sont disponibles sur le terrain.
Le sommet du G7 à Biarritz a été marqué par une répression injustifiable de la liberté de réunion et de mouvement, a déclaré Amnistie internationale le 26 août 2019.
Plusieurs manifestations pacifiques prévues en marge du sommet dans des villes et des secteurs proches de Biarritz n’ont pas pu avoir lieu, deux rassemblements seulement ayant reçu l’aval des autorités.
« Depuis le début de ce sommet du G7 à Biarritz, il est clair que les autorités françaises prévoyaient de restreindre la liberté de réunion et de mouvement, avec la présence annoncée de plus de 13 000 policiers dans le secteur, a déclaré Marco Perolini, chercheur sur la France à Amnistie internationale.
« Il est scandaleux que des centaines de personnes soient bloquées pendant des heures sans aucune raison et avant même de commencer à manifester pacifiquement.
« Quelle triste ironie de constater que de nombreux sujets, comme la crise climatique et l’égalité de genre, figurent à l’ordre du jour du G7 grâce aux pressions exercées par la société civile et que les autorités françaises croient devoir restreindre le droit de cette même société civile de manifester pacifiquement durant ces trois jours – fragilisant ainsi tous les débats du sommet. »
Restriction de la liberté de réunion
Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été mises en place dans toute la ville de Biarritz et dans des villes comme Bayonne, située à huit kilomètres, afin d’empêcher tout rassemblement de citoyens désireux d’exercer leur liberté de réunion.
Dans l’après-midi du 24 août, des centaines de policiers ont été déployés dans Bayonne et des clôtures de quatre mètres de haut ont été érigées sur les quatre ponts, divisant la ville en deux. Les observateurs d’Amnistie internationale ont été stoppés et fouillés à six reprises en deux heures dans cette zone.
Les autorités avaient donné l’ordre d’établir un périmètre de sécurité couvrant le centre-ville où chacun pouvait être arrêté et fouillé. Quelques centaines de manifestants, ainsi que des journalistes, des observateurs et des habitants, ont été bloqués pendant près de cinq heures. La police ne les a laissés partir que tard dans la soirée.
Elle a également bloqué une cinquantaine de manifestants pacifiques qui tentaient de se rassembler sur un parking à Bidart, à huit kilomètres de Biarritz, dimanche 25 août. Le parking était situé bien en dehors du périmètre de sécurité dans lequel se réunissaient les chefs d’État. Les observateurs d’Amnistie internationale ont été bloqués à cet endroit durant plus de deux heures, sans aucune possibilité de partir.
Lorsqu’ils ont montré aux policiers une lettre détaillant leur mission d’observation, ils leur ont répondu que la manœuvre visait à effectuer des contrôles d’identité, alors que ni les observateurs d’Amnistie internationale ni aucun manifestant ne s’est vu demander de présenter ses papiers.
Une centaine de manifestants arrêtés
Bien que de très rares incidents violents ont été observés durant ces trois jours, une centaine de personnes ont été arrêtées entre le 23 et le 25 août, dont environ 70 ont été placées en garde à vue ; certains procès devraient démarrer le 26 août. Parmi elles, trois observatrices de la Ligue française des droits de l’Homme ont été arrêtées et placées en garde à vue le 24 août, après découverte d’équipements de protection. Elles ont finalement été relâchées le lendemain.
Cela a conduit les organisateurs du « contre-sommet » du G7 à annuler plusieurs actions pacifiques prévues le 25 août, en raison de l’ampleur du dispositif de sécurité et de l’arrestation de l’un de leurs membres la veille. Les manifestants n’ont pu organiser qu’un rassemblement pacifique samedi 24 août à Hendaye, à plus de 30 km du sommet du G7 de Biarritz.
« Les autorités françaises doivent cesser de traiter le droit de manifester avec mépris. À moins que les manifestants n’aient pris part à des actes violents, ils doivent être libérés immédiatement et sans condition, a déclaré Marco Perolini.
« Exercer son droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique n’est pas un crime, mais un droit fondamental. »