Malgré l’examen à venir mené par l’ONU, aucun progrès n’a été réalisé en matière de droits humains
Les dirigeants des Fidji n’ont toujours pas fait le nécessaire pour remédier aux graves manquements en matière de droits humains, a déclaré Amnistie internationale le 21 mars, alors que les organisations de la société civile du pays sont en train de terminer les « fiches d’évaluation » qui seront remises à l’ONU.
Le pays a récemment accédé à la vice-présidence du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, cette étape mettant en lumière la nécessité de réaliser des avancées en matière de droits humains.
« Les Fidji font de beaux discours lors des forums mondiaux, a déclaré Roshika Deo, responsable de la recherche sur la région Pacifique à Amnistie internationale. Mais l’attention dont bénéficient les Fidji en raison du nouveau rôle qu’ils endossent aux Nations unies doit représenter pour le pays une occasion d’améliorer sa crédibilité sur le plan des droits humains, et de remédier à un ensemble de graves défaillances.
« Plusieurs mois se sont écoulés depuis sa réélection, et malgré ses discours portant sur les droits humains, le gouvernement des Fidji n’a pris aucune mesure importante pour remédier au problème, bien documenté, de l’utilisation de la torture par les forces de sécurité, a déclaré Roshika Deo. Alors qu’il a dit qu’il prendrait des mesures, il n’a pas pris les initiatives urgentes nécessaires pour que les femmes et les filles ne souffrent pas de harcèlement, de violences et de discrimination, qui sont des fléaux largement répandus. Et il n’a rien fait pour protéger l’espace civique et les médias du pays. »
À l’approche des élections de novembre 2018, Amnesty a présenté un programme d’action pour les droits humains en six points mettant en avant les priorités pour l’action gouvernementale.
Ce programme porte notamment sur la protection des droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique, la prévention de la torture et des mauvais traitements, et sur la nécessité de mettre fin à la violence contre les femmes et les filles, de protéger les défenseurs des droits humains, de garantir l'égalité pour les personnes LGBTI et de garantir une véritable participation des populations indigènes aux décisions communautaires.
Le bilan des Fidji en matière de droits humains va être examiné lors de l’Examen périodique universel (EPU) mené par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies en octobre et novembre 2019.
En vue de cet examen, les organisations de la société civile peuvent jusqu’au 28 mars soumettre leurs contributions au processus de l’EPU, et l’État doit soumettre son rapport avant la fin du mois de juillet.
« L’EPU représente pour les organisations de défense des droits humains à Fidji une procédure très importante, car elle doit constituer pour le gouvernement un rappel à l’ordre d’importance majeure. Le pays est à présent le vice-président du principal organe de protection des droits humains à l’échelle planétaire, et ce rôle de tête de file doit pour commencer se concrétiser par des mesures prises sur le territoire national, a déclaré Roshika Deo.
« Ne serait-ce que cette semaine, le fait que la Confédération nationale des syndicats n’ait pas été autorisée à mener une manifestation montre que les droits des Fidjiens de s’exprimer et de se réunir pacifiquement restent soumis à des restrictions, a déclaré Roshika Deo. Le gouvernement doit tout d’abord prendre immédiatement les mesures nécessaires pour se conformer aux recommandations exposées dans notre programme pour les droits humains, notamment en abrogeant les lois répressives. Il doit également mettre en place un mécanisme indépendant et efficace chargé d’enquêter sur l’utilisation systématique de la violence par les forces de sécurité, et d’y remédier. »
Le programme pour les droits humains et la liste complète de recommandations sont disponibles ici.