Trois ans après son homicide, les assassins de Rhadebe « Bazooka » n’ont toujours pas été traduits en justice
Trois ans après l’assassinat du défenseur des droits environnementaux Sikhosiphi « Bazooka » Rhadebe, abattu sous les yeux de son fils adolescent, les autorités n’ont toujours pas livré d’informations concernant leurs investigations ni traduit les auteurs présumés en justice, a déclaré Amnistie internationale le 22 mars 2019.
« Il est des plus choquants que trois ans après le terrible assassinat de Sikhosiphi Rhadebe, connu sous le nom de " Bazooka ", sa famille et l’ensemble de la population ne sachent toujours pas pourquoi il a été tué – comment la famille pourrait-elle après ce terrible homicide faire son deuil d’un père, d’un frère, d’un cousin ?, a déclaré Shenilla Mohamed, directrice exécutive d’Amnistie internationale Afrique du Sud.
« Le silence de l’État sur cette affaire est assourdissant. Les autorités doivent accélérer leur enquête et veiller à ce que tous les responsables présumés, y compris les commanditaires, comparaissent en justice. Surtout, elles doivent rendre compte régulièrement des avancées de l’enquête à sa famille, afin que celle-ci soit au courant de toutes les mesures mises en œuvre. »
Sikhosiphi « Bazooka » Rhadebe a été abattu le 22 mars 2016 par deux hommes qui s’étaient présentés à son domicile de Lurholweni, dans la province du Cap-Est, en affirmant être des policiers. Il se trouvait avec son fils adolescent. Quelques heures avant, il avait appris que son nom figurait en tête d’une liste de « personnes à abattre ».
Au moment de sa mort, il présidait l’Amadiba Crisis Committee (ACC), une organisation à caractère associatif qui s’opposait à un projet d’extraction à ciel ouvert de titane et d’autres métaux lourds sur des terres communales d’Amadiba, dans la province sud-africaine du Cap-Est, par la filiale locale d’une compagnie minière australienne, Mineral Commodities Limited (MRC).
L’ACC, fondée en 2007, lutte pour protéger les droits de la communauté à disposer de ses terres ancestrales. Elle fait valoir que la communauté risquerait de perdre son héritage et sa connexion culturelle profonde avec la terre si la filiale locale de MRC obtenait l’autorisation d’exploitation.
Depuis le meurtre de Bazooka, les autres dirigeants de l’ACC craignent fortement pour leur sécurité.
Peu après sa mort, la police locale a transféré l’enquête à la Direction des enquêtes criminelles prioritaires (DCPI) de la police sud-africaine, plus connue sous le nom de « Hawks ». La DCPI a déclaré à la famille en 2018 que l’enquête se poursuivait.
« La famille de Bazooka a le droit de savoir qui est derrière cet assassinat et les autorités doivent garantir son droit à la vérité et à la justice. Tout retard dans la justice est un déni de justice. L’impunité ne doit pas triompher. »