Les poursuites contre deux journalistes de l’agence Reuters sont maintenues et les restrictions imposées aux médias sont renforcées
Réagissant à la décision d’un tribunal du Myanmar de maintenir les poursuites pénales engagées contre Wa Lone et Kyaw Soe Oo, deux journalistes de l’agence Reuters, James Gomez, directeur pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnistie internationale, a déclaré :
« Cette décision déplorable mais sans surprise s’inscrit dans la continuité de la régression de la liberté d’expression et des droits humains en général au Myanmar.
« Les poursuites engagées contre Wa Lone et Kyaw Soe Oo sont clairement sans fondement et motivées par des considérations politiques. Ils croupissent derrière les barreaux uniquement parce qu’ils ont mené leurs activités pacifiques de journalistes et qu’ils ont rendu compte des atrocités commises par les forces de sécurité du Myanmar contre les Rohingyas dans l’État d’Arakan.
« La décision de maintenir les poursuites est un message clair pour les journalistes dans le pays : il est interdit d’aborder certains sujets, et ceux qui osent les aborder, même pacifiquement, s’exposent à de lourdes conséquences. Une érosion alarmante de la liberté de la presse a été constatée au Myanmar, où les professionnels des médias sont toujours la cible de menaces et de manœuvres d’intimidation et sont parfois même emprisonnés simplement pour avoir mené leurs activités professionnelles. Il faut que cela change. La liberté de la presse, comme la liberté d’expression en général, doit être protégée et cela doit commencer par la libération immédiate et sans condition de ces deux hommes. »
Complément d’information
Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont été arrêtés à Yangon, la principale ville du Myanmar, le 12 décembre 2017. Les deux journalistes effectuaient un reportage sur les récentes opérations militaires dans l’État d’Arakan lorsqu’ils ont été arrêtés. Ils ont été détenus au secret pendant deux semaines. Les deux hommes font l’objet de poursuites pour avoir enfreint la Loi relative aux secrets d'État, qui prévoit des peines allant jusqu’à 14 ans de prison.