Les dirigeants du G20 doivent interpeller l’Inde au sujet de ses engagements en matière de droits humains
Les pays membres du G20 doivent veiller à ce que les discussions lors du sommet du G20 soient axées sur les droits humains, et demander à l’Inde de mettre immédiatement fin au harcèlement de la société civile et des défenseur·e·s des droits humains, a déclaré Amnistie Inde le 30 novembre.
« Le sommet du G20 ne doit pas se résumer à une photo de groupe pour ses pays membres, qui doivent user de toute leur influence pour que soit réglé le problème de la répression croissante exercée contre les organisations de la société civile et les défenseurs des droits humains par le gouvernement indien. Ils doivent exhorter le Premier ministre Narendra Modi à s’engager à garantir la protection de l'espace accordé à la société civile en Inde », a déclaré Aakar Patel d’Amnistie Inde.
Depuis plus d’un an à présent, en Inde, on assiste à une diabolisation et à une répression pénale croissante des organisations et des personnes qui dénoncent ouvertement les violations des droits humains subies par les populations les plus pauvres et les plus marginalisées. Amnistie Inde, qui fait partie du mouvement mondial Amnistie internationale, est la dernière victime en date de la répression exercée par le gouvernement indien contre la société civile. Le 25 octobre 2018, Amnistie Inde a subi pendant 10 heures une perquisition menée par des agents de la Direction de la répression des fraudes, un organe d'investigations financières du ministère des Finances. À la suite de cette opération, les comptes bancaires d'Amnistie Inde ont été gelés, alors que l’organisation respecte la réglementation du pays, ce qui l’a empêchée de continuer de travailler. Le gouvernement indien a manifestement pris des mesures concertées pour réduire au silence ceux qui le critiquent et les dissidents.
En réaction à ces initiatives du gouvernement indien, des manifestations ont été organisées dans des villes du monde entier pour le premier jour du sommet du G20. En début de journée, à Berlin, à Londres et à Katmandou, des manifestants se sont rassemblés devant les ambassades d’Inde de ces villes pour condamner la répression de la société civile et des défenseur·e·s des droits humains en Inde, et pour appeler le Premier ministre Narendra Modi à « garder en vie les droits humains ». Le 23 novembre, une manifestation semblable a eu lieu devant l’ambassade d’Inde de Buenos Aires, en Argentine. À Katmandou, la police népalaise a réagi en arrêtant plus de trente militants d’Amnistie internationale Népal, tentant ainsi honteusement d’étouffer ce mouvement de protestation. Les militants ont été maintenus en détention pendant plus de deux heures, puis ils ont été relâchés. (Vous trouverez ici des photos des manifestations qui ont eu lieu dans différentes villes à travers le monde.)
« Les pays du G20 – qui représentent à eux seuls près des deux tiers de la population mondiale, plus de 80 % du PIB mondial et les trois quarts du commerce mondial – partagent la responsabilité de créer un cadre mondial de développement fondé sur la protection des droits humains. La récente répression menée par les autorités indiennes, qui traitent les mouvements de défense des droits humains comme des organisations criminelles et les défenseur·e·s des droits humains comme des criminels, va à l’encontre de l’engagement qu’elles ont pris de garantir un développement équitable et durable », a déclaré Aakar Patel.
Amnistie Inde est convaincue que l’équité, la non-discrimination, la transparence et l’obligation de rendre des comptes sont des conditions indispensables à un développement durable. Pourtant, les autorités indiennes continuent de réprimer les activités de défense des droits humains et les défenseur·e·s de ces droits. Alors que les dirigeants du G20 se réunissent à Buenos Aires, en Argentine, pour discuter de la croissance économique mondiale et du développement durable, Amnistie Inde demande instamment aux chefs d’État de faire face aux questions concernant la pertinence de leur approche des principaux défis auxquels ils sont aujourd’hui confrontés.
« Les dirigeants du G20 sont particulièrement bien placés pour remédier aux dangers en matière de droits humains auxquels sont exposées les populations des pays membres. Ils doivent reconnaître que la réalisation des Objectifs de développement durable passe fondamentalement par des organisations de défense des droits humains efficaces, aptes à rendre des comptes et inclusives », a déclaré Aakar Patel.
COMPLÉMENT D’INFORMATION
Outre Amnistie Inde, Greenpeace Inde a elle aussi été en butte à des manœuvres similaires, le même mois, de la part des autorités, et ses comptes ont également été gelés. Entre juin et août 2018, dix éminents avocats et défenseur·e·s des droits humains ont été arrêtés en vertu de lois antiterroristes draconiennes, et des descentes ont été opérées dans les locaux d’autres militants. Toujours en octobre 2018, une perquisition a été effectuée dans les locaux de l’organe de presse indépendant Quintillion Media Pvt Ltd pour des violations présumées de la législation sur l’impôt sur le revenu. Par ailleurs, le gouvernement indien a suspendu ou annulé les permis de recevoir des fonds de l’étranger de nombreuses organisations de la société civile telles que Lawyers Collective, People’s Watch, Sabrang Trust et Navsarjan Trust, au titre de lois trop générales et répressives restreignant l’utilisation de fonds étrangers.