Japon. Une exécution cruelle entache le bilan du pays en matière de droits humains

En réaction à l’exécution, vendredi 27 juin, d’un homme condamné pour le meurtre de neuf personnes au Japon, Chiara Sangiorgio, conseillère sur la peine de mort à Amnistie internationale, a déclaré :
« L’exécution de Takahiro Shiraishi – la première au Japon depuis presque trois ans – est une nouvelle attaque cruelle contre le droit à la vie dans ce pays et un grave recul pour son bilan en matière de droits humains.
« L’an dernier, l’acquittement d’Iwao Hakamada, qui était le plus ancien condamné à mort du monde, a dévoilé au grand jour l’iniquité de la justice pénale et du recours à la peine de mort au Japon et constituait une chance idéale de changer de cap.
« Mais au lieu d’entreprendre des réformes pour garantir la pleine protection des droits humains, le gouvernement a choisi de reprendre les exécutions. C’est un revers considérable pour les efforts visant à mettre fin à la peine de mort au Japon.
« À l’heure actuelle, 113 pays à travers le monde ont totalement aboli la peine de mort dans leur législation, et au moins 144 ont aboli ce châtiment en droit ou en pratique ; pourtant le Japon continue de recourir à ce châtiment inhumain.
« Le secret qui continue d’entourer la notification des exécutions rend l’application de cette peine encore plus cruelle. Les autorités japonaises doivent instaurer immédiatement un moratoire sur les exécutions, qui constituerait une première étape vers l’abolition totale de la peine capitale, et commuer toutes les sentences capitales en peines d’emprisonnement. »
Complément d’information
Selon le ministère de la Justice japonais, Takahiro Shiraishi a été exécuté le 27 juin 2025.
Il avait été reconnu coupable en 2020 du meurtre de neuf personnes en 2017 et condamné à mort par le tribunal de district de Tokyo.
Il s’agit de la première exécution sous le mandat du Premier ministre Shigeru Ishiba, qui est arrivé au pouvoir en octobre 2024, et de la première dans le pays depuis juillet 2022.
Les exécutions au Japon sont entourées de secret, et les prisonniers ne sont généralement prévenus que quelques heures à l’avance, voire pas du tout, avant l’application de leur peine de mort. Leurs familles ne sont habituellement informées de l’exécution qu’une fois que celle-ci a eu lieu.
Le Japon fait partie d’une petite minorité de pays qui ont procédé à des exécutions ces dernières années. Amnistie internationale a recensé 1 518 exécutions réalisées dans 15 pays en 2024 (sans compter les milliers qui ont probablement eu lieu en Chine), soit une hausse de 32 % par rapport aux 1 153 enregistrées en 2023. Cette augmentation est surtout liée à une montée en flèche dans trois pays du Moyen-Orient – l’Iran, l’Irak et l’Arabie saoudite.
Le 26 septembre 2024, le tribunal de district de Shizuoka a rendu une décision très attendue en acquittant Iwao Hakamada, connu comme le plus ancien condamné à mort du monde.
Amnistie internationale s’oppose en toutes circonstances et sans aucune exception à la peine de mort, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence ou toute autre situation de la personne condamnée, ou la méthode utilisée pour procéder à l’exécution.