• 26 Sep 2025
  • Iran
  • Communiqué de presse

Iran. Plus de 1 000 personnes exécutées depuis début 2025 : les autorités intensifient leur offensive contre le droit à la vie

Les autorités iraniennes ont exécuté plus de 1 000 personnes depuis le début de l'année 2025, soit le nombre annuel d'exécutions le plus élevé recensé par Amnistie internationale  en Iran depuis au moins 15 ans, a déclaré l'organisation. Elle appelle les autorités iraniennes à instaurer, dans un premier temps, un moratoire sur les exécutions et lance un appel urgent à tous les États pour qu'ils fassent pression sur l’Iran en faveur de la suspension de toutes les exécutions prévues.

En moins de neuf mois, le nombre de personnes mises à mort par le pouvoir iranien depuis le début de l'année a déjà dépassé le sinistre total enregistré en 2024, à savoir 972.

Depuis le soulèvement « Femme. Vie. Liberté » en 2022, les autorités iraniennes ont intensifié leur recours à la peine de mort comme instrument de répression étatique et pour écraser la dissidence, dans un contexte de nette augmentation des exécutions pour des infractions liées à la législation sur les stupéfiants. En 2025, elles ont aussi multiplié les condamnations à mort sous couvert de sécurité nationale, au lendemain de l'escalade des hostilités entre Israël et l'Iran au mois de juin, après les frappes militaires israéliennes contre l'Iran.

« La hausse continue des exécutions en Iran atteint des proportions effroyables : la peine de mort est instrumentalisée de façon systématique à des fins de répression et pour étouffer la dissidence, ce qui porte une atteinte ignoble au droit à la vie, a déclaré Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnistie internationale .

« La peine de mort est odieuse en toutes circonstances, mais l’appliquer à grande échelle à l'issue de procès iniques aggrave encore l'injustice. Parmi les personnes visées en toute impunité figurent les dissident·e·s politiques, les membres de minorités ethniques opprimées, les manifestant·e·s et les personnes condamnées à mort pour des infractions liées aux stupéfiants.

« La communauté internationale doit prendre des mesures énergiques et immédiates et faire pression sur les autorités iraniennes afin qu'elles suspendent toutes les exécutions prévues, annulent toutes les condamnations à mort et imposent un moratoire officiel sur toutes les exécutions, en vue d’abolir totalement ce châtiment. Compte tenu de l'impunité systématique en matière d’exécutions arbitraires, les États doivent également rechercher des moyens efficaces d’amener les responsables iraniens à rendre des comptes, notamment en exerçant la compétence universelle à l'égard de tous ceux qui sont raisonnablement soupçonnés d'être pénalement responsables de crimes relevant du droit international et d'autres violations graves des droits humains. »

Les personnes en danger sont notamment les accusés condamnés à la peine capitale pour des infractions liées à la drogue ou des chefs d'inculpation formulés en des termes excessivement généraux et flous, tels que l’« inimitié à l’égard de Dieu » (moharebeh), la « corruption sur terre » (ifsad fil Arz) et la « rébellion armée contre l'État » (baghi), à l'issue de procès des plus iniques devant les tribunaux révolutionnaires.

D’après les multiples recherches menées par Amnistie internationale , les tribunaux révolutionnaires, qui exercent leur compétence sur les infractions liées à la sécurité nationale et aux stupéfiants, manquent d'indépendance et prononcent des peines sévères, y compris la peine de mort, à l'issue de procès manifestement iniques, et les accusés qui comparaissent devant ces tribunaux sont systématiquement privés de leur droit à un procès équitable. Le 17 septembre 2025, Babak Shahbazi a été exécuté arbitrairement, après avoir été condamné à mort par un tribunal révolutionnaire au mois de mai à l'issue d'un procès manifestement inéquitable, au cours duquel ses allégations de torture et de mauvais traitements n’ont fait l’objet d’aucune enquête.

Le recours à la peine de mort touche de manière disproportionnée les minorités marginalisées, en particulier les membres des communautés afghane, baloutche et kurde. Au moins deux femmes kurdes, la travailleuse humanitaire Pakhshan Azizi et la dissidente Verisheh Moradi, sont condamnées à mort et risquent d'être exécutées.

En Iran, les Afghans sont également très touchés par cette situation. Le nombre d'Afghans exécutés dans le pays a plus que triplé, passant de 25 en 2023 à 80 en 2024. Ce phénomène inquiétant coïncide avec la recrudescence des discours racistes et xénophobes de la part du pouvoir iranien, qui s'est poursuivie en 2025, et avec la vague sans précédent d'expulsions forcées vers l'Afghanistan de nombreux Afghan·e·s, dont certains sont nés et vivent en Iran depuis des décennies.

La nette hausse du nombre d'exécutions pour des infractions liées aux stupéfiants, qui a débuté en 2021, s'est poursuivie cette année, en violation du droit international et des normes associées, qui interdisent strictement de recourir à la peine de mort pour ce type d’infractions.

Après l’escalade des hostilités entre Israël et l’Iran, de hauts représentants de l’État iranien, notamment le Responsable du pouvoir judiciaire Gholamhossein Mohseni Eje’i, ont appelé à accélérer les procès et les exécutions pour « soutien » ou « collaboration » avec des États hostiles, dont Israël. Dans ce contexte marqué par ces appels inquiétants, le Parlement iranien a adopté une loi qui, si elle est approuvée par le Conseil des gardiens, étendrait le recours à la peine de mort à des infractions liées à la sécurité nationale formulées en termes vagues - « coopération avec des gouvernements hostiles » et « espionnage » notamment.

Depuis le 13 juin 2025, au moins 10 hommes ont été exécutés pour des accusations motivées par des considérations politiques, dont au moins huit pour espionnage pour le compte d'Israël. Amnistie internationale  a recensé de nombreux cas de personnes risquant d'être exécutées pour des motifs politiques similaires, notamment l'universitaire suédo-iranien Ahmadreza Djalali et la défenseure des droits des femmes et des travailleurs Sharifeh Mohammadi, dont la condamnation à mort a été confirmée par la 39e chambre de la Cour suprême en août 2025.

Amnistie internationale  s’oppose catégoriquement à la peine de mort, en toutes circonstances. Ce châtiment viole le droit à la vie tel qu’il est proclamé par la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) et constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.