• 31 Mar 2025
  • Europe et Asie centrale
  • Communiqué de presse

UE/Asie centrale. Les autorités doivent garantir la liberté d’action de la société civile pour que les progrès soient réels

La protection des droits humains et la sauvegarde de la société civile dans les pays d’Asie centrale doivent être au cœur du tout premier Sommet UE-Asie centrale qui doit se tenir à Samarcande, en Ouzbékistan, les 3 et 4 avril, a déclaré Amnistie internationale lundi 31 mars. 

« L’Asie centrale arrive à un moment crucial où l’Union européenne cherche à renforcer ses liens politiques et économiques avec cette région. Les progrès sur le long terme ne dépendront pas seulement de la diplomatie, des investissements et du commerce – ils nécessitent également le respect des droits humains et un espace suffisant laissé à la société civile pour se développer et agir librement et sans crainte, a déclaré Marie Struthers, directrice pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnistie internationale. 

« La situation globale dans cette région reste préoccupante. Les autorités continuent de contrôler étroitement les médias et la société civile, répriment la contestation, le droit de réunion pacifique et la liberté d’association, et s’abstiennent systématiquement d’appliquer la diligence requise en matière de droits humains – c’est-à-dire qu’elles ne prennent pas de mesures adéquates pour identifier, prévenir et traiter les potentielles violations des droits humains liées à leurs actions, lois ou politiques. » 

Au cours du mois de mars, le Kazakhstan a signé un protocole d’accord avec la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), dans lequel ses autorités se sont engagées à utiliser la jurisprudence de cette instance pour orienter le fonctionnement du système judiciaire national. Parallèlement, le Kirghizistan cherche à renforcer le rôle du Bureau de la médiatrice, indispensable pour veiller à ce que les organes de l’État n’abusent pas de leurs pouvoirs pour restreindre l’exercice des droits humains, et l’Ouzbékistan a réalisé des progrès visibles en s’attaquant à la question du travail forcé dans le secteur du coton. 

Toutefois, même dans les pays affichant des mesures positives, la tendance récente est inquiétante. Au Kazakhstan et au Kirghizistan, les autorités répriment systématiquement le droit de réunion pacifique et les médias indépendants

Plusieurs gouvernements d’Asie centrale ont adopté des lois et des mesures qui restreignent les droits humains et ciblent des catégories de population marginalisées sous prétexte de protéger les « valeurs traditionnelles ». Au Kirghizistan, un texte inspiré de la législation russe sur les « agents de l’étranger » impose depuis 2024 de lourdes exigences aux ONG recevant des fonds depuis un autre pays, qui ont entraîné des fermetures et de l’autocensure. Dans toute la région, les autorités ont également utilisé des arguments similaires pour justifier des violations des droits des personnes LGBTI, qui subissent de la discrimination, un manque de protection face aux violences et des restrictions de leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. 

« Dans toute l’Asie centrale, l’Europe de l’Est et au sein de l’UE, la réponse des gouvernements aux inquiétudes relatives à la sécurité nationale ou aux bonnes mœurs s’est traduite par une répression accrue. Partout où des lois sur les “agents de l’étranger” ont été adoptées, elles ont abouti à une stigmatisation des ONG, à l’intimidation des militant·e·s et à la lente asphyxie d’une société civile dynamique, a déclaré Marie Struthers. 

« Si les pays d’Asie centrale et l’UE, ses institutions et les gouvernements nationaux s’intéressent sincèrement aux droits humains, la voie à suivre n’est pas de museler la société civile, mais de lui donner les moyens d’agir – en s’engageant à exercer la diligence requise en matière de droits humains, en favorisant l’ouverture du dialogue, en instaurant de la confiance entre l’État et le public et en garantissant un environnement sûr pour l’épanouissement de la société civile. Les gouvernements de l’UE et de l’Asie centrale doivent veiller à ce que les droits fondamentaux restent un pilier de leur coopération renforcée. »