International. Le nouveau rapport de l’ONU doit marquer la fin de la « guerre contre la drogue », manifestement inefficace
En réaction à la publication d’un nouveau rapport de la Rapporteuse spéciale des Nations unies sur le droit à la santé appelant les États à se détourner des réponses punitives à la consommation de drogues et à adopter une approche axée sur la réduction des risques et les droits humains, en amont de la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues qui a lieu le 26 juin, Erika Guevara-Rosas, directrice générale des recherches, du travail de plaidoyer, des politiques et des campagnes à Amnistie internationale , a déclaré :
« C’est un appel courageux et urgent aux gouvernements du monde entier pour qu’ils abandonnent enfin les politiques manifestement inefficaces de “guerre contre la drogue”. Depuis plus de six décennies, cette approche erronée de la santé publique a non seulement échoué à réduire la consommation et l’offre de drogues, mais elle a en outre abouti à des violations généralisées des droits humains, à de la violence, à des incarcérations massives, à de la souffrance et à des maltraitances partout sur la planète, qui touchent de façon disproportionnée les groupes de population historiquement marginalisés.
« Ce rapport souligne de manière éloquente qu’une autre voie est possible. Les approches privilégiant la réduction des risques, la prise en charge médicale et l’assistance sociale ont démontré les avantages de placer les droits humains au cœur des politiques en matière de stupéfiants. Les éléments accumulés au fil des années et les données toujours plus nombreuses émanant des organisations de la société civile et des mécanismes de protection des droits humains à travers le monde témoignent de l’efficacité de ces méthodes dans la réduction des effets néfastes des drogues sur le plan sanitaire, social et économique.
« De nombreuses vies ont été sacrifiées et il est temps de cesser de gaspiller des ressources. Les gouvernements doivent tirer un trait sur la “guerre contre la drogue” et commencer à mettre en œuvre toutes les recommandations figurant dans ce rapport. Celles-ci incluent notamment la dépénalisation de la consommation, de la détention, de la culture et de l’achat de stupéfiants destinés à un usage personnel, ainsi qu’une réglementation efficace permettant d’offrir des voies d’accès légales et sûres aux personnes autorisées à en consommer. »
À l’occasion de la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues, le 26 juin, des militant·e·s du monde entier joignent leurs efforts dans la campagne #SupportDontPunish et Amnistie internationale lance son nouveau document d’orientation intitulé ‘Time for change: advancing new drug policies that uphold human rights’. Ce document comporte des recommandations claires aux États et aux organisations intergouvernementales pour promouvoir des politiques en matière de stupéfiants qui protègent mieux les droits humains.
Complément d’information
La Rapporteuse spéciale des Nations unies sur le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible est une experte indépendante du Conseil des droits de l’homme.
Dans son dernier rapport en date présenté au Conseil des droits de l’homme lundi 24 juin 2024, elle étudie en détail l’impact des politiques punitives en matière de drogues sur le droit à la santé, qui touche particulièrement les groupes de population marginalisés et les personnes subissant des formes croisées de discrimination. Ce rapport souligne de manière très claire, encore une fois, que la réduction des risques est une composante essentielle du droit à la santé et engage les États à renoncer aux réponses punitives à la consommation de drogues, qui sont néfastes et contre-productives.