• 15 Mar 2024
  • Gambie
  • Communiqué de presse

Gambie. Le Parlement ne doit pas lever l’interdiction des mutilations génitales féminines

En réaction au vote imminent prévu au Parlement de Gambie le 18 mars sur un projet de loi visant à revenir sur l’interdiction des mutilations génitales féminines (MGF), Michèle Eken, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale à Amnistie internationale, a déclaré : 

« Ce projet de loi établirait un dangereux précédent pour les droits des femmes et ternirait le bilan de la Gambie en matière de droits humains. Nous demandons instamment au Parlement de voter contre.

« Quelle déception de constater qu’après le long combat mené par les militant·e·s gambiens pour faire progresser les droits des femmes, le Parlement s’apprête à envisager un tel retour en arrière.

« Les mutilations génitales féminines portent atteinte au droit des filles et des femmes à la santé et à l’intégrité corporelle. Leur légalisation constituerait une violation de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, de la Convention relative aux droits de l’enfant et de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (CADBE), toutes ratifiées par la Gambie. Elle violerait également le principe d’" égale dignité de la personne " que garantit la Constitution gambienne.

« Enfin, le gouvernement gambien doit s’attaquer aux causes profondes des mutilations génitales féminines et aux facteurs les favorisant, et mettre en œuvre des politiques globales qui donneront aux femmes et aux filles le pouvoir de revendiquer et d’exercer leurs droits fondamentaux. »

Complément d’information

Selon l’UNICEF, en Gambie, environ 46 % des filles âgées de 14 ans ou moins ont subi des mutilations génitales féminines (MGF). Ce pourcentage atteint 73 % des filles et des femmes âgées de 15 à 49 ans. Les mutilations génitales féminines peuvent entraîner toute une série de complications de santé, notamment des douleurs chroniques, des infections, des difficultés lors de l’accouchement, voire la mort pendant ou après la mutilation.

Depuis que les MGF ont été interdites en Gambie en 2015, seuls deux cas ont fait l’objet de poursuites et la première condamnation pour avoir pratiqué des mutilations n’a été prononcée qu’en août 2023. Au lieu d’aller de l’avant et d’appliquer cette loi importante, assortie d’un ensemble de politiques globales visant à donner aux femmes et aux filles le pouvoir d’exercer leurs droits fondamentaux, le Parlement envisage aujourd’hui de l’annuler.