Deux ans après l’annulation de l’arrêt Roe c. Wade, les États-Unis continuent de reculer sur l’avortement, privant de droits fondamentaux des millions de personnes
À l’approche du deuxième anniversaire de la décision de la Cour suprême des États-Unis ayant annulé l’arrêt Roe c. Wade, Tarah Demant, directrice nationale des programmes à Amnistie internationale États-Unis, a déclaré :
« Deux ans après que la Cour suprême des États-Unis a annulé l’arrêt Roe c. Wade, le droit à l’avortement continue à être attaqué aux États-Unis. Au cours des deux années qui se sont écoulées depuis la décision Dobbs, une myriade de lois dévastatrices ont mené à une interdiction totale ou quasi totale de l’avortement dans 21 États du pays. Cela signifie que des femmes, des filles et d’autres personnes pouvant être enceintes sont empêchées d’accéder aux services d’avortement.
« L’avortement est un droit humain et une part vitale des soins de santé. Toutes les personnes enceintes, peu importe qui elles sont ou où elles vivent, doivent avoir la liberté de prendre leurs propres décisions en matière de soins de santé, y compris celle de mener ou non une grossesse à terme, sans ingérence du gouvernement. Les interdictions en matière d’avortement constituent une violation des droits humains et nuisent de manière disproportionnée aux personnes racisées, aux immigrant·e·s, aux autochtones, aux personnes en situation de handicap, aux personnes LGBTQ+, à celles qui n’ont pas les moyens de se rendre dans un autre État pour recevoir les soins dont elles ont besoin et à d’autres personnes dont la marginalisation est systémique.
« Ne nous méprenons pas, nous sommes face à une crise des droits humains et des soins de santé aux États-Unis en raison de la multiplication des interdictions, des restrictions et des obstacles en matière d’avortement. Parallèlement, les sociétés gérant les réseaux sociaux continuent à supprimer des informations sur les avortements, ce qui rend l’accès à des informations précises en ligne plus difficile pour le public. Ces interdictions et d’autres mesures anti-avortement contribuent à exacerber la réprobation sociale et la peur pour les personnes ayant besoin d’avorter, alors que l’avortement fait partie des soins de santé normaux et sûrs.
« Depuis l’annulation de l’arrêt Roe c. Wade, les États-Unis ont clairement pris du retard dans leur obligation de protéger le droit fondamental des personnes enceintes à avorter. Il est alarmant de constater que les États-Unis sont en tel décalage avec le reste du monde, où on observe une tendance écrasante à l’assouplissement des lois sur l’avortement. Alors que la plupart des pays étendent les droits reproductifs, l’annulation de l’arrêt Roe c. Wade place les États-Unis parmi un petit groupe de seulement trois autres pays ayant durci les lois sur l’avortement depuis 1994.
« Le seul moyen de mettre fin à ce manquement dangereux et discriminatoire sur le terrain des droits humains, et de veiller à ce que toutes les personnes aux États-Unis puissent exercer leur droit fondamental à l’avortement sans l’ingérence de politiciens est de se doter d’une protection fédérale complète du droit à l’avortement. En attendant, les électeurs et électrices de nombreux États - notamment New York, le New Jersey et la Floride, et probablement l’Arizona et six autres États - auront la possibilité lors des élections de 2024 de soutenir des initiatives visant à protéger constitutionnellement le droit à l’avortement dans leur État, en veillant à ce que la personne enceinte - et non des politiciens - soit en mesure de décider par elle-même de mener ou non une grossesse à terme.
« L’interdiction de l’avortement n’est pas la volonté du peuple américain. La grande majorité des Américain·e·s soutiennent le droit à l’avortement et s’opposent à l’interdiction de l’avortement.
« Face à ces attaques persistantes contre l’avortement, des personnes et des communautés à travers le pays ont formé de puissants mouvements citoyens qui s’efforcent de faire en sorte que les personnes concernées aient accès aux services d’avortement dont elles ont besoin, et que les États-Unis inversent la tendance et, au bout du compte, protègent ce droit humain. »