Tchad. Les familles des victimes attendent toujours justice un an après la répression meurtrière des manifestations
À l’occasion du premier anniversaire de la répression des manifestations contre une proposition de prolongation du mandat du président Mahamat Idriss Deby pour deux ans, qui a fait plus de 100 morts et près de 1 000 blessés, Samira Daoud, directrice du bureau régional d’Amnistie internationale pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a déclaré :
« Un an après la répression des manifestations du 20 octobre, la soif de justice des victimes et de leurs familles reste inassouvie. Bien que les autorités aient immédiatement promis une enquête, tout ce que nous avons vu jusqu’à présent, ce sont des procès iniques de manifestants qui se tiennent à huis clos et l’absence d’investigations sérieuses sur les responsables présumés des homicides et des blessures.
« Il est impératif que les autorités tchadiennes respectent leur engagement en faveur de la justice, en menant dans les meilleurs délais une enquête impartiale et approfondie afin de déterminer les circonstances dans lesquelles des personnes ont été tuées et blessées. Ces rassemblements ont été réprimés par les forces de sécurité, qui sont responsables du recours illégal à des armes létales et doivent être amenées à rendre des comptes.
« Nous appelons également les autorités à respecter le droit à la liberté de réunion pacifique ainsi que le droit international et les normes internationales concernant le recours à la force et aux armes à feu. »
Complément d’information
Le 20 octobre 2022, des membres de l’opposition ont manifesté contre la prolongation de deux ans de la transition politique, décidée à l’issue d’un dialogue national en septembre 2022. Les forces de sécurité ont répondu en tirant à balles réelles sur les manifestant·e·s, tuant et blessant de très nombreuses personnes. Selon une première estimation de la Commission nationale des droits de l’homme, au moins 128 morts, 12 disparus, 518 blessés, 943 arrestations et 265 condamnations ont été recensés à la suite de ces événements.
Le 21 octobre 2022, le ministre de la Justice a annoncé l’ouverture d’une enquête, mais depuis, aucune information n’a été rendue publique quant à sa progression ou ses conclusions.