Kirghizistan. La décision du gouvernement de fermer une station de radio porte un nouveau coup au droit à la liberté d’expression
En réaction aux informations selon lesquelles les autorités au Kirghizistan ont demandé aux tribunaux de fermer Radio Azattyk, le service national de la station américaine Radio Free Europe/Radio Liberty, Marie Struthers, directrice pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :
« La fermeture de Radio Azattyk serait une attaque marquante et forte contre le droit à la liberté d’expression au Kirghizistan, dans le droit fil de la répression constante visant les journalistes et les voix critiques à l’égard du gouvernement. La communauté internationale ne peut ignorer la menace qui pèse sur les droits humains au Kirghizistan et doit demander aux autorités kirghizes de respecter pleinement ses obligations internationales en matière de droits humains. Elles doivent retirer la demande de fermeture de Radio Azattyk, débloquer son site Internet et permettre aux journalistes et autres professionnel·le·s des médias de travailler sans crainte de représailles. »
Complément d’information
Le 24 janvier, Radio Azattyk a été informée d’une demande déposée auprès du tribunal du district de Lénine à Bichkek par le ministère kirghize de la Culture, de l’Information, des Sports et de la Jeunesse, dans le but de mettre un terme aux activités de cette radio. La raison de cette action en justice serait la publication sur les chaînes de réseaux sociaux de Radio Azattyk d'une vidéo produite par l'organisation sœur de la radio, Current Time TV, qui couvrait le conflit frontalier de septembre 2022 entre le Kirghizistan et le Tadjikistan. Cette vidéo enfreindrait la loi sur les médias de masse, qui interdit « la propagande en faveur de la guerre, de la violence et de la cruauté, de l'exclusivité nationale ou religieuse et de l'intolérance envers les autres peuples et nations ».
En octobre 2022, ce document a été cité comme étant la raison pour laquelle le site web de Radio Azattyk était bloqué, tandis que ses comptes bancaires étaient gelés en vertu des lois nationales sur le blanchiment d'argent. En décembre, le blocage du site a été décrété « pour une durée indéterminée ».
Au cours de l’année dernière, des détracteurs du gouvernement, des journalistes et autres professionnel·le·s des médias ont été régulièrement harcelés au Kirghizistan. Le 23 novembre, Bolot Temirov, fondateur du projet d’enquête Temirov Live, a été déchu de sa nationalité kirghize et expulsé de force à Moscou, à titre de représailles pour avoir critiqué le pouvoir.