• 15 déc 2023
  • Hong Kong
  • Communiqué de presse

Hong Kong. Les primes absurdes offertes pour capturer des militant·e·s à l’étranger cherchent à instiller la peur partout dans le monde

En réaction à la décision de la police de Hong Kong d’offrir des récompenses d’un montant de 1 million de dollars de Hong Kong (120 000 euros environ) pour cinq militant·e·s prodémocratie se trouvant à l’étranger, et en réaction à l’arrestation à Hong Kong de quatre personnes accusées d’avoir aidé des militant·e·s exilés faisant l’objet d’une précédente salve de récompenses, Sarah Brooks, directrice régionale adjointe à Amnistie internationale pour la région Grande Chine, a déclaré :

« Cela vient confirmer que le démantèlement systématique des droits humains par les autorités de Hong Kong s’étend officiellement au monde entier. La tactique éhontée consistant à offrir des récompenses pour la tête des militant·e·s, comme au temps du " Far West ", est de plus en plus privilégiée pour faire taire la dissidence.

« Ces primes ne menacent pas seulement la liberté et la sécurité des personnes visées, elles ont également de lourdes conséquences pour d’autres militant·e·s, dans le flou quant à leur sécurité, que ce soit à Hong Kong ou à l’étranger. Les récompenses ne font qu’aggraver le climat de peur déjà en place.

« Offrir de telles récompenses sous prétexte d’accusations liées à la sécurité nationale est un acte d’intimidation qui transcende les frontières et vise à réduire au silence toute dissidence, partout. Les autorités de Hong Kong doivent retirer immédiatement ces primes absurdes et dangereuses et libérer tous ceux qui sont accusés d’avoir aidé des militant·e·s en exil.

« Amnistie internationale appelle les pays d’accueil des militant·e·s pris pour cibles par le gouvernement de Hong Kong à protéger efficacement leurs droits. Ces pays doivent prévenir les atteintes aux droits humains dont ils pourraient être victimes, enquêter sur de tels actes et les sanctionner, et leur offrir des réparations. Ils doivent les protéger contre les persécutions même à distance imputables aux autorités de Hong Kong pour le simple exercice de leurs droits fondamentaux. »

Complément d’information

La police de Hong Kong a annoncé le 14 décembre qu’elle offrait une récompense d’un montant d’1 million de dollars de Hong Kong (120 000 euros environ) pour toute information permettant de capturer cinq personnes installées à l’étranger.

Ces cinq personnes – Simon Cheng, Frances Hui, Joey Siu, Johnny Fok et Tony Choi – sont accusées d’« incitation à la sécession » et de « collusion avec des forces étrangères » en vertu de la loi sur la sécurité nationale, et encourent à ce titre une peine de prison à perpétuité.

Au total, 13 « fugitifs » recherchés dans le cadre d’affaires liées à la sécurité nationale de Hong Kong sont désormais sous le coup d’une prime. Le 3 juillet, des primes d’1 million de dollars de Hong Kong ont été proposées pour huit autres personnes : les militant·e·s Nathan Law, Anna Kwok et Finn Lau, les anciens législateurs Dennis Kwok et Ted Hui, l’avocat et juriste Kevin Yam, le syndicaliste Mung Siu-tat et le commentateur en ligne Yuan Gong-yi.

Ces huit personnes, qui se sont toutes exilées aux États-Unis, au Royaume-Uni ou en Australie, sont également accusées de « collusion avec des forces étrangères ». Deux des 13 cibles sont citoyen·ne·s des pays où ils résident actuellement : Kevin Yam en Australie et Joey Siu aux États-Unis.

La police de la sécurité nationale a également arrêté quatre personnes à Hong Kong, soupçonnées d’avoir apporté une aide financière à Ted Hui et Nathan Law par le biais d’une plateforme de financement participatif en ligne.

Depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong en juin 2020, la situation des droits humains dans la ville s’est considérablement détériorée, les libertés d’expression, de réunion pacifique et d’association comptant parmi les droits visés par une offensive soutenue.

À Hong Kong, les autorités assimilent les échanges internationaux qu’elles désapprouvent à une « collusion avec des forces étrangères ». Quant à la police, elle qualifie les interactions quotidiennes bénignes entre militant·e·s et acteurs étrangers d’actes susceptibles de mettre en péril la sécurité nationale