Brésil. Amnistie internationale condamne les déprédations et l’invasion des bâtiments publics à Brasilia par des groupes extrémistes
Amnistie internationale appelle les autorités compétentes à mener dans les meilleurs délais des investigations impartiales et efficaces afin que les événements survenus dimanche 8 janvier fassent l’objet d’enquêtes dignes de ce nom et puissent être sanctionnés.
Il importe d’enquêter sur la prise d’assaut et l’invasion des bâtiments publics, la destruction de documents, les violations de l’intégrité physique et de la sécurité des journalistes couvrant les événements et des membres des forces de sécurité attaqués par des groupes de civil·e·s. Certains ont tenté de détruire et de s’emparer des équipements et des caméras de professionnel·le·s des médias, ce qui représente une violation grave du droit à la liberté d’expression et à la liberté de la presse.
Amnistie internationale suivra l’intervention fédérale en matière de sécurité publique dans le District fédéral, décrétée aujourd’hui par le président de la République, Luís Inácio Lula da Silva, en réaction aux événements.
Les autorités doivent absolument garantir l’évacuation complète et immédiate de la place des Trois Pouvoirs, où se trouvent le Congrès national, le palais du Planalto et le Tribunal fédéral suprême. Les déprédations de bâtiments publics représentant les institutions des trois branches du gouvernement doivent faire l’objet d’une enquête confiée aux organes compétents, en vue de poursuivre, juger et sanctionner les responsables présumés, dans le respect des normes internationales relatives aux droits humains.
Au titre de l’obligation qui incombe à l’État brésilien de garantir le respect des droit humains, les autorités doivent être prêtes à réagir face à des manifestations politiques. Cela suppose des renseignements, de la planification, de la prévention et la surveillance des scénarii et des groupes à haut risque qui cherchent à influer négativement sur la réalisation des droits, dans le but de favoriser des réactions institutionnelles proportionnées. Les normes internationales relatives aux droits humains autorisent la dispersion de manifestations dans des cas précis, notamment lorsqu’elles incitent à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence. L’invasion qui a eu lieu à Brasilia va à l’encontre des normes internationales relatives à une manifestation pacifique.
Le 8 janvier 2023, une foule d’au moins 3 900 manifestant·e·s de différentes organisations civiles contestant les résultats de l’élection présidentielle de 2022 ont envahi le Congrès national, le palais du Planalto et le siège du Tribunal fédéral suprême à Brasilia. La veille en début de matinée, l’inquiétude commençait à poindre face à l’arrivée dans la ville de plus de 100 bus transportant des manifestant·e·s et le ministre de la Justice et de la Sécurité publique a autorisé le déploiement de la Force nationale pour assurer la sécurité du site. Le gouvernement du District fédéral a échoué à garantir la sécurité et n’a pas pris les mesures nécessaires pour stopper les actes violents et l’invasion des bâtiments publics qui avaient déjà été annoncés par des groupes extrémistes.
Depuis le premier tour de l’élection présidentielle, Amnistie internationale a observé avec inquiétude l’escalade de la violence et les menaces à l’état de droit émanant de groupes organisés, parfois armés, qui contestaient les résultats du processus électoral, mais aussi le fonctionnement des institutions de l’État.
Il est très inquiétant que les autorités, telles que la police fédérale, le bureau du procureur fédéral, le bureau du procureur du District fédéral et le gouvernement du District fédéral, n’aient pas pu identifier les instigateurs et les financeurs de ces actes et empêcher ces attaques d’avoir lieu.
L’État brésilien doit mener sans délai une enquête impartiale, sérieuse et efficace sur les circonstances qui ont conduit à la prise d’assaut de bâtiments publics et aux attaques qui se sont déroulées le 8 janvier à Brasilia, en vue d’identifier, de poursuivre, de juger et d’amener à rendre des comptes toutes les personnes impliquées dans ces agissements, y compris les instigateurs, les organisateurs et les financeurs, et de pointer également les manquements des institutions publiques qui n’ont pas pris de mesures afin de prévenir de tels agissements.