Bangladesh. Les morts, les arrestations et la répression à répétition lors des manifestations doivent cesser
En réaction aux nombreuses arrestations de membres de partis d’opposition et aux informations faisant état de violents affrontements entre des manifestant·e·s et des policiers, qui ont fait au moins deux morts lors des manifestations antigouvernementales organisées par l’opposition le week-end des 28 et 29 octobre à Dacca (Bangladesh), Yasasmin Kaviratne, chargée de campagne pour la région Asie du Sud à Amnistie internationale, a déclaré :
« L’intensification de la répression qui a visé les responsables et les manifestant·e·s de partis d’opposition au cours du week-end des 28 et 29 octobre est le signe que les autorités tentent d’étouffer totalement la dissidence au Bangladesh à l’approche des élections législatives de janvier. Il faut que les autorités bangladaises se souviennent que la dissidence n’est pas un crime et respectent le droit de tous et toutes de manifester pacifiquement.
« Les homicides, les arrestations et la répression à répétition au Bangladesh ont des répercussions absolument terribles sur les droits humains, qui se matérialisent avant, pendant et après les élections. Une fois encore, Amnistie internationale exhorte les autorités bangladaises à cesser de réprimer les manifestant·e·s et à remplir leur obligation de faciliter les rassemblements pacifiques.
« Il est crucial que la police enquête sur les morts de manière impartiale, indépendante et transparente de sorte que les responsables présumés soient traduits en justice dans le cadre de procédures équitables excluant le recours à la peine de mort. Selon les médias, certaines personnes participant aux manifestations ont eu recours à la violence. Néanmoins, la police doit veiller à ce que les personnes qui manifestent pacifiquement puissent continuer de le faire, sans se servir des agissements de certains comme prétexte pour restreindre les droits des autres.
« La période précédant les élections risque d’être tendue et il faut que les pouvoirs publics bangladais prennent tous les mesures qui s’imposent pour désamorcer la situation. Il faut que les autorités veillent à ce que tous les organes chargés de l’application des lois respectent strictement les normes internationales relatives à l’usage de la force, autrement dit qu’elles n’aient recours à la force qu’en cas d’absolue nécessité, afin d’éviter de porter atteinte à l’intégrité physique des personnes et de ne pas entraîner une escalade de la crise. »
Complément d’information
Dans les jours qui ont précédé les manifestations du 28 octobre, le principal parti d’opposition, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) a affirmé que plus de 1 200 de ses responsables et militant·e·s avaient été arrêtés à l’approche des manifestations prévues.
Selon des articles de presse, les rassemblements de samedi à Dacca étaient parmi les plus grandes manifestations tenues cette année et se sont encore terminées par des affrontements avec la police, laquelle a eu recours à une force excessive. Dans d’autres articles, il était aussi indiqué que des manifestant·e·s avaient parfois réagi par des actes de violence. Le responsable de la section jeunesse du BNP, Shamim Molla, a succombé aux blessures qui lui avaient été infligées lors des affrontements, de même qu’un policier.
Un jour plus tard, les autorités ont lancé des opérations au domicile de plusieurs cadres du BNP. Mirza Fakhrul Islam Alamgir, secrétaire général du BNP, a été arrêté dimanche par les forces de l’ordre.
Auparavant, Amnistie internationale avait vérifié les éléments prouvant le recours excessif à la force et les violentes attaques contre des manifestant·e·s et des responsables de partis d’opposition.