Indonésie. Les autorités ne doivent pas utiliser le sommet du G20 comme prétexte pour réprimer la contestation pacifique
Réagissant aux actes d’intimidation et aux menaces dont ont été victimes des militants de Greenpeace qui menaient une action de sensibilisation à la crise climatique en effectuant un parcours à vélo avant le sommet du G20 à Bali, Wirya Adiwena, directeur adjoint d’Amnistie internationale Indonésie, a déclaré ce mardi 8 novembre :
« Ces événements viennent à nouveau illustrer le manque d’engagement des autorités indonésiennes envers les droits humains, y compris envers la promotion et la protection des droits des défenseur·e·s des droits humains. Les autorités doivent veiller à ce que les défenseur·e·s et militant·e·s des droits humains ne soient pas forcés à signer des déclarations par lesquelles ils s’engagent à interrompre leurs actions et leurs activités militantes pendant le sommet du G20, pratique qui revient à réduire au silence les voix critiques. »
« Les préoccupations en matière de sécurité dans le contexte du sommet du G20 ne doivent pas servir de prétexte pour justifier des restrictions inadmissibles aux droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Les pays membres du G20, notamment le pays qui accueille l’événement, l’Indonésie, doivent garantir la protection du droit de tous et toutes d’exprimer des critiques et de manifester de manière pacifique.
« Les autorités indonésiennes doivent également mener sans délai une enquête approfondie, impartiale, indépendante, transparente et efficace sur ces allégations, et veiller à ce que tous les défenseur·e·s et militant·e·s des droits humains puissent exercer leurs droits fondamentaux et poursuivre leurs activités militantes pacifiques sans craindre de subir des menaces, des actes d’intimidation, des attaques et des sanctions pénales. »
« Les autorités doivent mettre fin aux restrictions apportées à la liberté d’expression et de réunion pacifique, prendre des mesures efficaces pour garantir la sécurité des défenseur·e·s et militant·e·s des droits humains, et encourager ces personnes à mener leurs activités, y compris pendant le sommet du G20.
Complément d'information
Les militants de Greenpeace composant l’équipe cycliste de la campagne “Chasing the Shadow”, qui menaient une action de sensibilisation à la crise climatique en effectuant un parcours depuis Djakarta vers Bali, où doit se tenir le sommet du G20 les 15 et 16 novembre 2022, ont été la cible d’actes de menaces, d’intimidation et de harcèlement à partir de leur passage dans la ville de Semarang (Java Central), selon des informations communiquées à Amnistie internationale par Greenpeace.
Pendant leur périple à travers la province de Java Central jusqu’à la province de Java-Est, les autorités locales ont surveillé de très près leurs déplacements et leurs activités. L’équipe a constaté que ses véhicules étaient suivis et que des personnes qui auraient été liées aux forces de sécurité se trouvaient dans l’enceinte des hôtels où elle faisait étape. La police a également compliqué la procédure de délivrance d’une autorisation pour l’événement de l’équipe à Surabaya, dans la province de Java-Est, et a demandé que des agents en civil soient présents lors de l’événement.
Lors d’accidents distincts, deux des voitures utilisées par l’équipe de Greenpeace ont été heurtées par des personnes non identifiées. L’une des voitures a été endommagée lors d’un choc avec une moto qui, selon un témoin, avait une plaque d’immatriculation rouge, ce qui laisse à penser que ce véhicule appartenait aux autorités. Au moins quatre membres de l’équipe ont été victimes d’un piratage de leur compte WhatsApp les 5 et 6 novembre.
Le 7 novembre, à Probolinggo (Java-Est), des membres d’organisations locales disant représenter les habitant·e·s de la ville ont manifesté devant l’hôtel où séjournaient les militants. Ils ont forcé les membres de Greenpeace à signer une déclaration indiquant que Greenpeace interromprait ses actions et ses activités militantes pendant le sommet du G20 à Bali.
Entre janvier 2019 et mai 2022, Amnistie internationale a recensé au moins 328 attaques physiques et/ou numériques contre la société civile, y compris contre des défenseur·e·s et militant·e·s des droits humains. Ces attaques ont fait au moins 834 victimes.