Réaction | République dominicaine | La Chambre des députés met en danger la vie et la santé de millions de femmes et de filles
En réaction aux résultats du débat qui s’est déroulé mercredi 30 juin devant la Chambre des députés, portant sur dépénalisation de l’avortement dans trois cas de figure, Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnistie internationale, a déclaré :
« Avec ce vote, la majorité des député·e·s dominicains ont démontré que la vie et la santé des femmes et des filles du pays ne font pas partie de leurs priorités législatives. Nous exprimons notre solidarité avec les femmes et jeunes filles qui continuent à réclamer haut et fort que leur existence et leur santé soient prises au sérieux par les autorités. La lutte pour leurs droits ne s’arrêtera pas. »
« De nombreux éléments scientifiques montrent que l’interdiction totale ne réduit pas le recours à l’avortement, mais qu’il augmente au contraire le risque que des millions de femmes et de filles en République dominicaine meurent des suites d’avortements illégaux et réalisés dans des conditions dangereuses. Nous espérons que le Sénat et le président Luis Abinader prendront l’initiative lors de la prochaine phase et pourront réparer ce tort historique, en approuvant la dépénalisation de l’avortement dans trois cas de figure. »
Mercredi 30 juin, la Chambre des députés de la République dominicaine a voté contre la légalisation de l’avortement dans trois cas, dans le Code pénal : quand la grossesse pose un risque pour la vie de la femme ou jeune fille enceinte, quand le fœtus ne peut pas survivre hors de l’utérus, et quand la grossesse résulte d’un viol ou de l’inceste. De même, la République dominicaine reste un des rares pays de la région à prononcer des sanctions pénales contre les femmes ou jeunes filles qui tentent d’interrompre une grossesse.
En République dominicaine, la prohibition totale de l’avortement continue à mener aux décès évitables de femmes et de jeunes filles. Une de ces femmes est Rosaura Almonte, connue dans les médias comme « Esperancita », qui est morte en 2012 car elle n’a pas pu bénéficier de la chimiothérapie qui aurait pu lui sauver la vie alors qu’elle souffrait de leucémie, parce qu’elle était alors enceinte de sept semaines et que le traitement dont elle avait besoin aurait affecté le fœtus.
Une réforme approfondie du Code pénal en République dominicaine est en cours depuis déjà plusieurs années. Avec ce vote, le projet de Code pénal sera débattu au Sénat.