Hong Kong | La population ne doit pas être sanctionnée en raison de la commémoration pacifique de l’anniversaire de Tiananmen
Les autorités de Hong Kong doivent permettre à la population de rendre hommage pacifiquement aux victimes de la répression de la place Tiananmen, a déclaré Amnistie internationale à la veille de l’anniversaire, vendredi 4 juin, du massacre de 1989.
La veillée organisée tous les ans à Hong Kong le 4 juin pour commémorer les événements de Tiananmen a été interdite en raison du COVID-19 pour la deuxième année consécutive, mais des milliers de personnes sont tout de même attendues à cette commémoration. Vingt-quatre militant·e·s ayant participé à la veillée pacifique de l’an dernier ont depuis été arrêtés, et certains se trouvent derrière les barreaux.
« Une nouvelle fois, les autorités de Hong Kong se servent de la pandémie de COVID-19 comme prétexte pour museler les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Les gens ne doivent pas être punis simplement parce qu’ils ont allumé une bougie en mémoire des victimes de la répression de Tiananmen, a déclaré Yamini Mishra, directrice régionale du programme Asie-Pacifique à Amnistie internationale.
« L’arrestation et la condamnation des personnes qui ont pris part à la veillée de l’an dernier, événement qui a respecté la distanciation physique et était totalement pacifique, constituent une violation du droit international. Il importe de ne pas réitérer ce dévoiement de la justice. »
Tous les 4 juin depuis 1990, des dizaines voire des centaines de milliers de personnes se réunissent pour une veillée à la bougie dans le parc Victoria à Hong Kong, un vaste espace proche du centre-ville, afin d’honorer la mémoire des manifestant·e·s tués par l’armée chinoise sur la place Tiananmen et aux alentours, à Pékin, en 1989.
« Depuis 30 ans, les habitants de Hong Kong se mobilisent pour soutenir le droit de manifester pacifiquement en Chine continentale. Aujourd’hui, ils se retrouvent eux-mêmes privés de ce droit, a déclaré Yamini Mishra.
« Les autorités de Hong Kong doivent permettre à la population de commémorer de manière pacifique les terribles événements du 4 juin et cesser d’engager des poursuites à caractère politique contre les personnes ayant participé à la veillée en 2020. »
Complément d’information
Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, des centaines – et peut-être même des milliers – de personnes ont été tuées à Pékin lorsque l’armée a ouvert le feu sur les étudiants et étudiantes et les travailleurs et travailleuses qui demandaient pacifiquement des réformes politiques et économiques, et la fin de la corruption. Un nombre indéterminé de personnes ont été tuées et incarcérées dans le cadre de répressions analogues à travers le pays. On ignore le nombre exact de victimes, car les autorités chinoises ont étouffé et censuré durant les 30 dernières années tout débat sur la répression de ce mouvement.
Les Hongkongais et Hongkongaises qui participent à la veillée pour Tiananmen depuis 1990 demandent aux autorités chinoises de dévoiler la vérité sur ce qu’il s’est passé et d’assumer leur responsabilité en ce qui concerne les victimes.
D’après les médias, les personnes qui tentent de participer à la veillée interdite cette année pourraient être arrêtées pour rassemblement illégal, encourir des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et se voir interdire de voter lors des élections. Certaines personnalités pro-Pékin ont déclaré que la participation à cet événement pourrait bafouer la loi draconienne sur la sécurité nationale en vigueur à Hong Kong, adoptée peu après la veillée annulée de l’an dernier.
Vingt-quatre personnes ont été arrêtées pour avoir participé à la veillée « non autorisée » de 2020 et quatre autres – Joshua Wong, Lester Shum, Tiffany Yuen et Jannelle Leung – ont déjà été condamnées à des peines de prison.
Vingt autres, dont le magnat de la presse Jimmy Lai et plusieurs membres de l’Alliance de Hong Kong qui ont organisé la veillée, risquent d’être jugées au cours du mois de juin pour avoir participé au rassemblement.
La veillée annuelle organisée le 4 juin dans le territoire voisin de Macao est également interdite pour la deuxième année consécutive. Cependant, le gouvernement de Macao, qui avait interdit l’évènement en 2020 uniquement en raison des inquiétudes liées au COVID-19, a ajouté que le rassemblement constituerait cette année « une incitation à la subversion ».