Eswatini. Les autorités doivent enquêter sur un tir de la police contre un manifestant et mettre fin au recours excessif à la force
Un manifestant est hospitalisé dans un état critique après avoir reçu une balle dans la tête tirée par les forces de sécurité de l’Eswatini devant le Parlement lors d’une manifestation visant à remettre une pétition à l’ambassade des États-Unis pour demander aux autorités américaines d’intervenir après l’arrestation et le placement en détention de deux parlementaires. En réaction à cette information, Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnistie internationale, a déclaré :
« Des milliers de manifestant·e·s pacifiques ont été violemment dispersés par des membres des forces de sécurité utilisant des balles réelles, des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène en Eswatini aujourd’hui. Il est choquant qu’une personne ayant simplement exercé son droit à la liberté d’expression se retrouve maintenant grièvement blessée dans un lit d’hôpital.
« Les autorités d’Eswatini n’ont montré aucun remords et aucune retenue dans leur réponse brutale aux manifestations pacifiques dans le pays. Au lieu d’écouter les revendications légitimes des manifestant·e·s, qui demandent notamment que des militant·e·s soient libérés, que les droits humains soient protégés et que des réformes soient entreprises, les autorités laissent continuer cette répression.
Les autorités doivent mener dans les meilleurs délais une enquête approfondie, indépendante et impartiale sur les tirs ayant visé des manifestant·e·s vendredi 1er octobre et veiller à ce que les responsables présumés de ces actes soient traduits en justice dans le respect des normes d’équité des procès. Elles doivent en outre permettre à toutes les personnes d’exercer librement leurs droits humains, veiller à ce que la force ne soit pas utilisée de manière excessive contre des manifestant·e·s et cesser immédiatement leur campagne brutale visant à écraser la dissidence. »
Complément d’information
Vendredi 1er octobre, plus de 10 000 personnes ont défilé jusqu’à l’ambassade des États-Unis à Mbabane, la capitale de l’Eswatini, mais elles ont été violemment dispersées par des membres des forces de sécurité utilisant des balles réelles, des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène, selon plusieurs témoignages. Des militaires ont également été vus en train d’installer des barrages routiers pour empêcher d’autres personnes de rejoindre les manifestations.
Les parlementaires Mduduzi Bacede Mabuza et Mthandeni Dube ont été arrêtés dans la soirée du 25 juillet 2021 et sont maintenus depuis lors en détention au poste de police de Mbabane. Ils font l’objet d’accusations formulées en termes vagues, au titre de la Loi relative à la répression du terrorisme. Les manifestations « en faveur de la démocratie » ont débuté en juin dans le royaume d’Eswatini, après la mort dans des circonstances mystérieuses d’un étudiant en droit de 25 ans, Thabani Nkomonye. Selon certaines informations, celui-ci serait mort aux mains de la police.
Depuis le début des manifestations réclamant des réformes politiques, le gouvernement de l’Eswatini exerce une répression sans merci des droits humains. Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées et de nombreuses autres ont été torturées, arrêtées ou enlevées.