Le retour d’enfants expulsés offre au gouvernement une seconde chance pour faire ce qui est juste
Le retour à Trinité-et-Tobago d’au moins 16 enfants et d’environ 12 adultes qui avaient été expulsés vers le Venezuela le 22 novembre offre aux autorités trinidadiennes une deuxième occasion de remplir leurs obligations nationales et internationales et de garantir la protection de ces personnes en quête de sécurité, qui fuient le danger, ont déclaré le Centre caribéen pour les droits humains, Amnistie internationale, Refugees International et 14 organisations dans une lettre ouverte au Premier ministre Keith Rowley le 25 novembre 2020.
« Nous sommes soulagés d’apprendre que ces 16 enfants et 12 adultes environ sont rentrés à Trinité-et-Tobago. Les autorités doivent maintenant réunir les enfants et leurs familles sans délai, leur accorder la possibilité de demander l’asile, déterminer s’ils ont été victimes de la traite et leur prodiguer des soins médicaux », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnistie internationale.
D’après les premières informations disponibles, au moins certains des enfants rentrés à Trinité-et-Tobago le 24 novembre avaient déjà de la famille enregistrée là-bas auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Il est donc d’autant plus essentiel que les autorités leur accordent l’accès à des procédures d’asile, conformément aux obligations qui incombent au pays en vertu du droit international.
Lors d’une conférence de presse le 24 novembre, le ministre de la Sécurité nationale de Trinité-et-Tobago a semblé laisser entendre qu’ils ont pu être victimes de la traite d’êtres humains, soulignant qu’il est nécessaire de les filtrer conformément à la loi sur la traite des personnes en vigueur à Trinité-et-Tobago afin d’identifier des victimes potentielles de la traite et de leur fournir protection et réparations.
Selon certaines informations, environ 50 mineur·e·s ont été expulsés cette année, bien que Trinité-et-Tobago soit signataire de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, qui impose aux États d’agir dans leur intérêt supérieur et de s’abstenir de les détenir ou de les expulser vers des situations de possibles dangers ou mauvais traitements.
Le ministre de la Sécurité nationale a ajouté que les enfants étaient détenus par les autorités afin de prévenir la propagation de la COVID-19. Même au beau milieu de la pandémie, de nombreux pays ont maintenu l’accès à l’asile tout en respectant des protocoles sanitaires stricts. La pandémie ne peut pas servir d’excuse pour priver de sécurité ceux qui en ont le plus besoin.
Comme l’ont indiqué 25 organisations de défense des droits humains dans une précédente lettre ouverte adressée au Premier ministre Keith Rowley, les Vénézuélien·ne·s fuient les graves violations des droits humains qui, selon une récente Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur la République bolivarienne du Venezuela nommée par l’ONU, pourrait constituer des crimes contre l’humanité. Combiné à la crise humanitaire actuelle, cela signifie qu’ils vont continuer de solliciter une protection internationale ou l’asile à l’étranger, même en pleine pandémie. Trinité-et-Tobago doit trouver les moyens d’accorder un titre de séjour légal aux Vénézuélien·ne·s en rouvrant la procédure d’enregistrement ou en adoptant une loi nationale sur les réfugiés, ce qui faciliterait le respect du droit international.
« Alors que la crise humanitaire au Venezuela ne cesse de s’aggraver, les gouvernements ont l’obligation de venir en aide à celles et ceux qui recherchent une protection à l’étranger – même en pleine pandémie, a déclaré Aviva Shwayder, chargée de communication à Refugees International. Le gouvernement de Trinité-et-Tobago doit commencer par réunir ces enfants et leurs familles, mais il peut et doit faire mieux pour les personnes déplacées qui se trouvent sur son territoire. »