• 3 juin 2020
  • Chine
  • Communiqué de presse

Les mots ne suffisent pas : le gouvernement canadien doit agir sans délai, avec la communauté internationale, pour stopper l’imposition par la Chine de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong

Montréal – Le gouvernement canadien doit proposer une intervention cohérente et coordonnée au niveau international pour faire annuler cette décision très problématique de la Chine d’appliquer sa législation sur la sécurité nationale à Hong Kong. Cette mesure inquiétante a des implications extrêmement dangereuses pour la population de Hong Kong, ont déclaré plusieurs défenseurs des droits humains ainsi que des personnalités politiques fédérales lors d’une conférence de presse aujourd’hui.  

La semaine dernière, le gouvernement du Canada a publié une déclaration commune – avec le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie – condamnant cette nouvelle législation. « Nous avons déjà vu les tactiques autoritaires que la police de Hong Kong a exercées contre les manifestants », déclare  France Isabelle-Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone. « Cette nouvelle législation donne le feu vert aux autorités chinoises pour sévir et réduire au silence la dissidence dans la cité. Le Canada doit convaincre d’autres gouvernements de se joindre à un appel exhortant la Chine à renoncer à cette dangereuse loi sur la sécurité nationale. Si rien n’est fait, cela risque de marquer le début de la fin pour Hong Kong telle que nous la connaissons. »

Alex Neve, secrétaire général d’Amnesty International Canada, section anglophone, a déclaré: « Il est essentiel de renforcer et d’élargir la portée de cette déclaration commune par des actions diplomatiques cohérentes et fortes à l’égard de la Chine, avec d’autres gouvernements du monde, ainsi que dans tous les forums multilatéraux possibles. »  

« Au moment de commémorer le triste 31ème anniversaire du massacre de la Place Tiananmen, il faut demander à d’autres gouvernements de se joindre à nous pour convaincre la Chine de revenir sur sa décision et de ne pas franchir ce pas vraiment inquiétant », ajoute M. Neve. « Pour le Canada, cela doit faire partie d’une approche globale, coordonnée, qui prenne en compte les nombreuses questions de droits humains dans nos relations avec la Chine, dont l’emprisonnement injuste et les sentences de mort à l’encontre d’au moins six citoyens canadiens. Le gouvernement canadien doit aussi y inclure tous les aspects de nos relations avec la Chine, y compris le commerce et l’investissement, ainsi que les préoccupations plus récentes liées à la pandémie de COVID-19. »

Jeudi dernier, le Congrès national du peuple chinois a approuvé la législation ciblant les enjeux de: « séparatisme, subversion de l’État, terrorisme et interférence étrangère ». Cette loi permettrait aussi aux agences centrales du gouvernement, responsables de la sécurité nationale, d’opérer à Hong Kong, ce qui pose une réelle menace aux droits humains dans cette ville.  

Face à l’imminence de cette nouvelle législation, des groupes de droits humains au Canada affirment que la crise qui s’envenime à Hong Kong a des implications sur les relations entre le Canada et la Chine, sur une crise potentielle de réfugiés et d’immigrants, et qu’elle exige des actions multilatérales fortes.

Avvy Go, directeur de la clinique juridique Chinese and Southeast Asian Legal Clinic, a dit: « avec l’érosion de plus en plus grande des droits humains fondamentaux à Hong Kong, le gouvernement canadien devrait songer à accepter davantage de migrants et de réfugiés de cette cité, étant donné les liens étroits entre le Canada et Hong Kong. » 

L’an dernier, des millions de personnes ont envahi les rues pour protester contre un projet de loi qui aurait permis les extraditions vers la Chine continentale. La police de Hong Kong a réagi avec des bâtons, des gaz lacrymogènes, du gaz poivré, des balles de caoutchouc et des canons à eau. Au cours des derniers jours, des milliers de personnes ont protesté contre le projet de loi sur l’hymne national qui criminaliserait le fait « d’insulter » ou « d’utiliser à mauvais escient » l’hymne national chinois. Plusieurs de ces manifestants ont été arrêtés ou aspergés de poivre par la police, signe qu’un autre été de répression se prépare à Hong Kong.

 

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