• Iran

Non à l’exécution de Mehdi Hassani et Behrouz Ehsani !

Behrouz Ehsani, 69 ans, et Mehdi Hassani, 48 ans, risquent d’être exécutés à tout moment, après que la Cour suprême a confirmé leur condamnation à mort début janvier. Le 26 janvier, ils ont été transférés de la prison d’Evin (à Téhéran), à la prison de Ghezel Hesar, dans la province d’Alborz, ce qui fait craindre que leur exécution n’ait lieu d’un moment à l’autre. Leur procès, d’une iniquité flagrante, a été entaché d’allégations de torture et d’« aveux » forcés.

COMPLÉMENT D'INFORMATION

Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani ont également été reconnus coupables de plusieurs autres chefs d’accusation, notamment « diffusion de propagande contre le système », « rassemblement et collusion en vue de commettre des crimes contre la sécurité nationale » et « appartenance à un groupe dans le but de perturber la sécurité nationale », pour lesquels ils ont été condamnés à des peines d’emprisonnement. Selon des sources informées, les responsables de la prison leur ont dit que leur condamnation à mort serait annulée s’ils écrivaient une lettre de repentir et exprimaient des remords, mais ils ont refusé, insistant sur leur innocence.

Depuis février 2024, Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani observent une grève de la faim tous les mardis, dans le cadre de la campagne Non aux exécutions menée par des Iranien·ne·s, notamment des personnes détenues pour des raisons politiques. En janvier 2024, des condamné·e·s à mort iraniens ont entamé une grève de la faim tous les mardis et ont publiquement réclamé des interventions afin que cessent les exécutions dans le pays. Cet acte courageux a incité des défenseur·e·s des droits humains à mener des grèves de la faim en signe de solidarité, notamment la lauréate du prix Nobel de la paix Narges Mohammadi, remise en liberté à titre provisoire en décembre 2024, et 60 autres femmes emprisonnées pour des motifs politiques à la prison d’Evin à Téhéran, ainsi que des militant·e·s des droits du travail et des parents de victimes des massacres de prisonniers en Iran dans les années 1980. Le 18 septembre 2024, une lettre écrite par Behrouz Ehsani, sortie clandestinement de prison et publiée en ligne, faisait référence aux grèves de la faim que lui, Mehdi Hassani et des dizaines d’autres condamné·e·s à mort dans tout le pays avaient entamées, et soulignait la nécessité d’un soutien international pour mettre fin aux exécutions cruelles et inhumaines en Iran. Cette lettre contient notamment le passage suivant :

« Après 22 mois d’incertitude, elles [les autorités] ont prononcé une condamnation à mort contre moi, sans aucune preuve. Nous n’attendons rien d’autre de ce système axé sur les exécutions [...] Outre les prisonniers politiques, des prisonniers ordinaires sont exécutés chaque jour [...] qui sont les victimes sans défense de ce système et de ses conditions. Nous venons d’achever la 34e semaine des grèves de la faim du mardi Non aux exécutions, aux côtés de [détenu·e·s de] 21 autres prisons à travers le pays. Nous poursuivrons ces grèves de la faim tous les mardis tant que des exécutions auront lieu. J’appelle mes chers compatriotes, les organisations internationales et les institutions de défense des droits humains à agir aujourd’hui contre les exécutions en Iran, car demain il sera trop tard. Rejoignez-nous dans le mouvement Non aux exécutions du mardi. Les personnes qui aspirent à la liberté et à la démocratie ne méritent pas d’être exécutées. Le silence de la communauté internationale encourage ce régime à procéder à des exécutions. »

Amnistie internationale a déjà montré que les procès qui se déroulent devant les tribunaux révolutionnaires sont systématiquement inéquitables et débouchent sur des exécutions arbitraires. L’organisation a recensé des centaines de cas, sur plusieurs décennies, dans lesquels des procédures pénales menées devant des tribunaux révolutionnaires, aboutissant à des peines d’emprisonnement ou de mort, ont gravement enfreint le droit à un procès équitable. Il s’agit notamment des droits suivants : accès à une représentation juridique lors de la phase d’enquête, ainsi qu’à un avocat de son choix dès l’arrestation, et tout au long du procès et de la procédure d’appel ; protection contre la torture et les autres formes de mauvais traitements ; ne pas être contraint de s’incriminer soi-même ou de s’avouer coupable ; présomption d’innocence ; possibilité de contester véritablement la légalité de sa détention ; être jugé par un tribunal indépendant, compétent et impartial ; et du droit à un véritable réexamen de son cas par une juridiction supérieure.

Au cours des deux dernières années, à la suite du soulèvement « Femme. Vie. Liberté », les autorités iraniennes ont intensifié leur recours à la peine capitale afin de semer la peur au sein de la population et de renforcer leur emprise sur le pouvoir. En 2023, Amnistie internationale a recensé l’exécution d’au moins 853 personnes par les autorités iraniennes, soit une augmentation de 48 % par rapport à 2022. La majorité de ces personnes ont été exécutées arbitrairement à l’issue de procès manifestement iniques devant des tribunaux révolutionnaires. En 2024, les autorités ont poursuivi leur vague d’exécutions, notamment contre des manifestant·e·s, des dissident·e·s et des membres de minorités ethniques, mettant à mort des centaines de personnes, dont un grand nombre de manière arbitraire à l’issue de procès manifestement inéquitables qui s’étaient déroulés devant des tribunaux révolutionnaires. Le nombre réel d’exécutions est probablement beaucoup plus élevé, car les autorités iraniennes ne sont pas transparentes et ne fournissent pas d’informations accessibles au public sur les exécutions.

Amnistie internationale s’oppose catégoriquement à la peine de mort, en toutes circonstances. La peine capitale est une violation du droit à la vie tel qu’il est proclamé par la Déclaration universelle des droits de l’homme, et constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit