UNE MANIFESTANTE DÉTENUE DOIT ÊTRE LIBÉRÉE
Le 13 mars 2025, les services de l’immigration américains ont arrêté Leqaa Kordia, une Palestinienne musulmane de 32 ans résidant aux États-Unis qui avait été interpelée lors d’une manifestation organisée en 2024 contre le génocide commis par Israël à Gaza. Elle s’apprêtait à obtenir un titre de séjour légal. Les poursuites engagées contre elle en lien avec la manifestation ont été abandonnées. Néanmoins, elle a été appréhendée et transférée dans un centre de détention au Texas en mars 2025, après s’être présentée d’elle-même auprès des services de l’immigration. Elle a subi des violations de son droit de pratiquer sa religion en détention. Amnesty International exige sa libération immédiate et le respect de ses droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
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COMPLÉMENT D’INFORMATION
Leqaa Kordia est une Palestinienne musulmane de 32 ans qui est venue aux États-Unis avec un visa de visiteur pour voir sa mère, dont elle était séparée depuis l’enfance. Elle a ensuite obtenu un visa étudiant pour apprendre l’anglais. Sa mère a par ailleurs déposé une demande de visa pour raisons familiales. Cette demande a été acceptée par les services de l’immigration en 2021. Mal conseillée, Leqaa a interrompu son visa étudiant en pensant que l’acceptation de sa demande pour raisons familiales lui conférait désormais une situation régulière au regard de la législation sur l’immigration dans l’attente de sa carte verte, si bien qu’elle s’est retrouvée sans titre de séjour.
Leqaa a perdu environ 175 membres de sa famille au cours du génocide qu’Israël continue de commettre à Gaza. Depuis 2023, elle a participé à plusieurs manifestations dans le New Jersey et à proximité du lieu où elle habite. Le 30 avril 2024, elle a participé à un rassemblement devant l’entrée de l’université Columbia. Des agents de la police de New York ont ordonné aux manifestant·e·s de se disperser. Ils ont arrêté Leqaa avec d’autres personnes et l’ont libérée le lendemain. Les poursuites engagées contre elle pour refus de se disperser ont été abandonnées par la suite.
En janvier 2025, le président Donald Trump a publié deux décrets ordonnant l’arrestation, le placement en détention et l’expulsion des personnes n’ayant pas la nationalité américaine qui auraient exprimé leur soutien aux droits des Palestiniens et Palestiniennes, ce qu’Amnesty International a condamné. Les services de l’immigration ont commencé à identifier des personnes qu’ils soupçonnaient d’avoir manifesté en faveur des droits du peuple palestinien sur des campus universitaires ou aux abords de ces lieux. Le procès-verbal de l’arrestation de Leqaa en 2024 leur a été transmis par la police de New York. Le 6 mars, des agents de l’immigration se sont rendus au domicile de Leqaa pour interroger sa mère, qui l’a appelée en leur présence. Ils ont informé Leqaa qu’il y avait un problème avec son statut migratoire et qu’ils avaient besoin de parler avec elle. Peu après, elle s’est présentée au bureau local du Service de contrôle de l’immigration et des douanes des États-Unis (ICE) à Newark, dans le New Jersey, accompagnée de son avocate. Leqaa a été arrêtée immédiatement, alors que l’ICE avait conclu qu’elle présentait un risque peu élevé en termes de sécurité publique, de fuite ou d’antécédents judiciaires. Elle a été transférée le soir même au centre de détention de Prairieland, au Texas, loin de son avocate et de sa famille, où des violations des droits humains avaient déjà été constatées par le passé.
Le dossier d’immigration de Leqaa est traité au Texas. Depuis avril 2025, deux audiences de libération sous caution ont eu lieu devant un juge de l’immigration, qui a ordonné à chaque fois que Leqaa soit remise en liberté contre paiement d’une caution de 20 000 dollars. Cependant, l’ICE a empêché sa libération en utilisant, et en demandant à la Commission des recours en matière d’immigration, l’application de sursis automatiques et discrétionnaires. Leqaa tente également d’obtenir sa libération par le biais de la justice fédérale.
Ses droits religieux ont été bafoués à plusieurs reprises en détention. Elle n’a reçu qu’un seul repas halal depuis qu’elle est détenue et les autres repas qui lui ont été servis ne sont souvent pas conformes à ses restrictions alimentaires d’ordre religieux. Par conséquent, elle a perdu beaucoup de poids. Pendant le ramadan, le personnel pénitentiaire a refusé plusieurs fois de lui fournir ou de lui mettre de côté de la nourriture jusqu’à l’heure de la rupture du jeûne, ce qui ne lui a laissé d’autre choix que de rompre son jeûne avant l’heure si elle ne voulait pas rester affamée et a porté atteinte à ses droits religieux. De plus, on ne lui a pas fourni de vêtements couvrant suffisamment le corps pour la prière et elle ne dispose pas d’un endroit propre pour prier, comme le prescrit sa religion. Enfin, le personnel a ignoré ses demandes pour être prévenue quand des hommes entrent dans son dortoir lorsqu’elle ne porte pas son voile.
En plus de sa demande de titre de séjour permanent pour raisons familiales, Leqaa a déposé des demandes d’asile, de suspension de son expulsion et de protection en vertu de la Convention contre la torture. Avant son arrestation, elle vivait dans le New Jersey et participait à la prise en charge de deux membres de sa famille proche souffrant de problèmes de santé ou de handicaps.