UNE JOURNALISTE RISQUE D’ÊTRE DE NOUVEAU PLACÉE EN DÉTENTION POUR DES ACCUSATIONS INFONDÉES

CONTEXTE
Après une année de détention, la journaliste chinoise Zhang Zhan doit de nouveau comparaître devant un tribunal le 19 septembre 2025 pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ». Ce sera la deuxième fois qu’elle est inculpée de la même infraction, pour laquelle elle a déjà purgé quatre ans de prison. Selon l’acte d’accusation disponible, le parquet populaire du nouveau district de Pudong a recommandé une peine de quatre à cinq ans d’emprisonnement. Des informations font état de vives inquiétudes quant à son état de santé et le traitement qui lui est réservé en détention.
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Zhang Zhan est une journaliste citoyenne chinoise incarcérée pour avoir couvert les premiers jours de la pandémie de COVID-19 à Wuhan. Ancienne avocate, Zhang Zhan s’est rendue à Wuhan en février 2020 pour couvrir sur le terrain ce qui s’y passait. Elle a publié sur les réseaux sociaux des informations dénonçant l’arrestation par des représentants du gouvernement de journalistes indépendants et le harcèlement des familles de patient·e·s atteints du COVID-19.
Elle a disparu à Wuhan en mai 2020. On a appris par la suite qu’elle avait été arrêtée par les autorités chinoises et détenue à Shanghai, où elle a été reconnue coupable d’« avoir cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public » à l’issue d’une parodie de procès. Pendant sa détention, elle a observé une grève de la faim partielle pour protester contre son verdict de culpabilité. Cela a gravement affecté sa santé, ce qui lui a valu de multiples hospitalisations. Selon un avocat qui s’est entretenu avec sa famille, en juillet 2023, elle a de nouveau été admise à la clinique de la prison, avec des conséquences inquiétantes sur sa santé à long terme et ne pesant plus que 37 kilos, soit la moitié de son poids avant sa privation de liberté.
Le 13 mai 2024, après avoir purgé sa peine de quatre ans d’emprisonnement, Zhang Zhan a été libérée. Cependant, pendant sa courte période de liberté, elle a fait l'objet d'une surveillance stricte et d'un harcèlement continu de la part des autorités. Zhang Zhan s’est dite préoccupée par le fait que ses publications en ligne étaient surveillées.
Fin août 2024, elle se serait rendue de Shanghai à la province du Gansu, dans le nord-ouest de la Chine, pour témoigner sa solidarité à d’autres défenseur·e·s des droits humains. Peu après, lors d’une visite dans sa ville natale de Shaanxi, elle est soudain devenue injoignable. Par la suite, elle aurait été placée en garde à vue par la police de Shanghai, à plus de 1 000 kilomètres de sa dernière localisation connue. Depuis lors, Zhang Zhan est détenue par les autorités chinoises, selon la société civile pour « avoir cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public », et est actuellement incarcérée au centre de détention de Pudong, à Shanghai. Elle est détenue depuis plus d’un mois.
Zhang Zhan est incarcérée uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Son cas a été présenté dans le cadre de la campagne Écrire pour les droits 2021 d’Amnesty International.
Amnesty International a recensé de nombreux cas de journalistes indépendants et de militant·e·s condamnés pour avoir fait des reportages sur la vérité de cette pandémie, Zhang Zhan illustrant parfaitement cette politique. Ces mesures répressives se sont intensifiées après le mouvement des « feuilles blanches », et l’étau s’est resserré autour de la société civile. Les défenseur·e·s des droits humains, notamment les manifestantes, les journalistes indépendants, les avocat·e·s spécialisés dans les droits humains et les universitaires, risquent de se voir infliger de lourdes peines sur la base de diverses accusations en lien avec la « mise en danger de la sécurité nationale ».
Même après avoir purgé l’intégralité de leur peine, ils jouissent d’une liberté restreinte, sont victimes, ainsi que leurs familles, de mesures de harcèlement et sont privés de leurs droits. Nous avons recensé plusieurs cas de défenseur·e·s des droits humains qui, bien que libérés, ne jouissent toujours pas d’une liberté totale. C’est le cas de Jiang Tianyong, avocat spécialisé dans les droits humains, détenu sous le régime de la résidence surveillée après sa libération et qui n’a pas pu retrouver sa famille depuis plus de 12 ans. Wang Quanzhang, lui aussi avocat spécialiste des droits humains, continue d’être en butte à des expulsions forcées et de faire l'objet de menaces au sujet de l'éducation de ses enfants, même après sa libération
Crédit photo : © Amnesty International / Adrien Stanziani
LETTRE À ENVOYER
Monsieur le Secrétaire,
Je vous écris afin de vous faire part de ma profonde inquiétude pour la journaliste et défenseure des droits humains Zhang Zhan (张展), qui va être jugée par le tribunal populaire du nouveau district de Pudong pour « avoir cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public » (寻衅滋事罪) - accusation pour laquelle elle a déjà été incarcérée. Une nouvelle fois, ces accusations sont sans fondement, car elle n’a fait qu’exercer son droit à la liberté d’expression et défendre les droits d’autrui.
Ce procès intervient plus d’un an après qu’elle ait de nouveau été arrêtée et les procureurs auraient recommandé une peine comprise entre quatre et cinq ans de prison. Ce qui est particulièrement inquiétant, sachant que Zhang Zhan avait été libérée en mai 2024, après avoir purgé sa peine de quatre ans prononcée en 2020, pour avoir couvert de manière indépendante les événements à Wuhan pendant la pandémie. Après trois mois seulement de liberté, elle a de nouveau été interpellée, et est actuellement détenue dans le même centre et jugée par le même tribunal qu’auparavant.
Selon certaines informations, Zhang Zhan a observé une grève de la faim en détention et a sans doute été alimentée de force. Sa famille et son avocat auraient également été victimes de graves mesures de harcèlement et d’intimidation de la part des autorités et on ignore dans quel état de santé elle se trouve - ce qui est très préoccupant. Au cours de sa précédente incarcération, elle a observé une grève partielle de la faim qui a entraîné de multiples hospitalisations et une perte de poids drastique, passant à seulement 37 kilos - ce qui équivaut à la moitié de son poids avant sa privation de liberté.
Par conséquent, je vous demande :
· de libérer Zhang Zhan immédiatement et sans condition ;
· dans l’attente de sa libération, de veiller à ce qu'elle ne soit pas soumise à la torture ni à des mauvais traitements, et à ce qu’elle puisse dûment consulter des professionnels de santé qualifiés, afin de bénéficier de soins conformes à l'éthique médicale et respectant notamment les
principes de confidentialité, d’autonomie et de consentement éclairé ;
· de veiller à ce qu’elle puisse communiquer de manière régulière et sans restriction avec sa famille et ses avocats, et de cesser de harceler et menacer sa famille et les défenseur·e·s des droits humains qui lui apportent leur soutien.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.
APPELS À
Secrétaire Zhu Zhongming, Secretary of the Political and Legal Affairs Committee of the CPC Shanghai Municipal Committee
No. 9 Wanping Road
Shanghai 200030
République populaire de Chine