• Arabie saoudite

UN JEUNE HOMME RISQUE D’ÊTRE EXÉCUTÉ SOUS PEU

CONTEXTE

Abdullah al Derazi risque d’être exécuté d’un moment à l’autre. Il avait moins de 18 ans au moment des faits qui lui sont reprochés. Membre de la minorité chiite du pays, il a été condamné à mort pour sa participation présumée à des attaques violentes et pour détention d’armes illégales lors de manifestations contre le gouvernement en 2011 et 2012 à l’issue d’un procès manifestement inique reposant sur des « aveux » arrachés sous la torture. Le 21 août 2025, les autorités saoudiennes ont exécuté Jalal Labbad, un autre jeune homme condamné à mort pour des faits commis avant l’âge de 18 ans, ce qui suscite de vives craintes pour Abdullah al Derazi. La Cour suprême d’Arabie saoudite a confirmé les condamnations à mort de ces deux hommes pendant la même période sans en informer leurs familles ni leurs avocats. Le roi ne doit pas ratifier la condamnation à mort d’Abdullah al Derazi et doit appeler les autorités compétentes à annuler sa déclaration de culpabilité et à ordonner un nouveau procès équitable sans recours à la peine capitale.

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En octobre 2023, Amnesty International a reçu des informations fiables indiquant que la Cour suprême avait secrètement confirmé la peine de mort d’Abdullah al Derazi sans informer sa famille ni son avocat. Le 16 octobre 2023, le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions sommaires, extrajudiciaires ou arbitraires s’est dit préoccupé par l’exécution imminente d’Abdullah Al Derazi. Ce jeune homme pourrait être exécuté si le roi ratifie sa condamnation.

En novembre 2024, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a conclu que la détention d’Abdullah al Derazi ainsi que celles de Jalal Labbad, de Yusuf al Manasif, de Jawad Qureiris et de Hassan al Faraj étaient arbitraires. Il a estimé que la solution appropriée serait de libérer ces personnes immédiatement et de leur accorder un droit exécutoire à des indemnités et d’autres réparations conformément au droit international. Ces cinq jeunes hommes font partie de la minorité chiite et avaient moins de 18 ans au moment des faits qui leur sont reprochés.

En février 2025, des sources dignes de confiance ont informé Amnesty International que Yusuf al Manasif, Jawad Qureiris et Hassan al Faraj avaient été rejugés et de nouveau condamnés à mort et que leurs procédures étaient en instance devant la Cour suprême. Jalal Labbad et Abdullah al Derazi n’avaient pas encore été rejugés à ce moment-là.

Le 21 août 2025, les autorités saoudiennes ont exécuté Jalal Labbad. Comme lui, Abdullah al Derazi a été arrêté et jugé pour des infractions qu’il aurait commises alors qu’il était mineur, après qu’il a participé à des manifestations contre le traitement réservé par le gouvernement à la minorité chiite. Ces deux jeunes hommes ont fait l’objet de procès manifestement iniques et ont été condamnés à mort.

En mai 2023, la Commission saoudienne des droits humains a affirmé dans une lettre à Amnesty International : « L’imposition de la peine de mort à des mineurs pour des infractions relevant du taazir a été complètement abolie ». Les infractions relevant du taazir [peine discrétionnaire], comme celles dont Jalal Labbad et Abdullah al Derazi ont été déclarés coupables, ne sont pas passibles de la peine capitale selon la charia (loi islamique). Le recours à la peine de mort contre des personnes qui étaient âgées de moins de 18 ans au moment des faits dont ils ont été reconnus coupables est strictement interdit, en vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant, que l’Arabie saoudite a ratifiée.

Abdullah al Derazi avait 17 ans au moment des faits qui lui sont reprochés. Il a été arrêté le 27 août 2014 et condamné à mort par le Tribunal pénal spécial le 20 février 2018, pour avoir participé « à des émeutes à Al Qatif, scandé des slogans contre l’État et semé le chaos », « fait partie d’un réseau terroriste [...] visant à perturber la sécurité interne », et « attaqué des agents de la sécurité avec des cocktails Molotov ». Il a indiqué au tribunal qu’il avait été maintenu en détention provisoire pendant trois ans, au cours desquels il n’avait pas été autorisé à s’entretenir avec un avocat. D’après ses documents judiciaires, qu’Amnesty International a pu consulter, il a déclaré au juge : « Je demande un examen médical indépendant pour prouver la torture à laquelle j’ai été soumis […]. Les dossiers de l’hôpital de l’unité d’enquêtes de Dammam prouvent que je continue d’être soigné en raison des coups que j’ai reçus aux oreilles pendant mon interrogatoire ». Le tribunal n’a pas enquêté sur ses allégations de torture et, le 8 août 2022, une cour d’appel a confirmé sa condamnation à mort.

L’Arabie saoudite est l’un des pays au monde qui procèdent au plus grand nombre d’exécutions. En 2024, les autorités saoudiennes ont exécuté 345 personnes, soit le nombre le plus élevé qu’Amnesty International ait jamais enregistré sur une année pour un pays. L’analyse réalisée par Amnesty International sur le recours à la peine de mort par l’Arabie saoudite au cours des dix dernières années révèle une utilisation alarmante de ce châtiment pour des infractions liées au « terrorisme » contre la minorité chiite du pays. Alors que la communauté chiite englobe entre 10 et 12 % de la population totale, elle représente environ 42 % (120 sur 286) de toutes les exécutions liées au « terrorisme » entre janvier 2014 et juin 2025. 

Crédit photo : Tiers

LETTRE À ENVOYER

Sire,

 

À la suite de l’exécution de Jalal Labbad le 21 août 2025 pour des faits qu’il était accusé d’avoir commis avant l’âge de 18 ans, je tiens à vous faire part de ma vive inquiétude pour Abdullah al Derazi. Comme Jalal Labbad, Abdullah al Derazi avait moins de 18 ans au moment des faits qui lui sont reprochés. L’application de la peine capitale contre des personnes qui étaient mineures au moment des faits pour lesquels elles sont jugées est absolument interdite par le droit international relatif aux droits humains et le droit international coutumier. La condamnation à mort d’Abdullah al Derazi doit être annulée immédiatement.

 

En octobre 2023, Amnesty International a reçu des informations fiables indiquant que la Cour suprême avait secrètement confirmé les peines de mort d’Abdullah al Derazi et de Jalal Labbad. Auparavant, le Tribunal pénal spécial avait déclaré Abdullah al Derazi coupable d’infractions liées au « terrorisme » en raison de sa participation à des manifestations contre le traitement réservé par le gouvernement à la minorité chiite en Arabie saoudite. Ce jeune homme a épuisé toutes ses voies de recours dans le pays.

 

Abdullah al Derazi a été déclaré coupable et condamné à mort à l’issue d’un procès manifestement inique, en l’absence de garanties procédurales. Il n’a pas eu accès à une assistance juridique pendant sa détention provisoire et a déclaré au tribunal qu’on l’avait torturé pour qu’il « avoue ». Le tribunal n’a pas enquêté sur ses allégations de torture et d’autres mauvais traitements. En refusant d’annuler la condamnation à mort d’Abdullah al Derazi, les autorités saoudiennes sont en outre revenues sur leur promesse de ne plus appliquer la peine de mort pour des infractions relevant du taazir commises par des personnes âgées de moins de 18 ans.

 

Je vous prie instamment, Votre Majesté, de ne pas ratifier la condamnation à mort d’Abdullah al Derazi et d’appeler les autorités compétentes à annuler sa déclaration de culpabilité et à ordonner un nouveau procès équitable sans recours à la peine capitale. Je vous demande en outre d’ordonner qu’une enquête impartiale, indépendante et efficace soit menée sans délai sur ses allégations de torture et d’autres mauvais traitements qui sont consignées dans des documents judiciaires examinés par Amnesty International, faisant notamment état de passages à tabac. L’Arabie saoudite doit immédiatement établir un moratoire officiel sur les exécutions, dans l’optique d’une abolition de la peine capitale dans le pays.

 

Je vous prie d’agréer, Votre Majesté, l’expression de ma haute considération.
 

APPELS À  

Roi d’Arabie saoudite – King Salman bin Abdul Aziz Al Saud

Office of His Majesty the King

Royal Court Riyadh, Arabie saoudite

Tél : +966 8004 000 000

X : @KingSalman