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39 personnes sont mortes lors d'un incendie dans un centre de détention

CONTEXTE

Trente-neuf personnes sont mortes lors d’un incendie qui s’est déclaré dans un centre de détention pour migrant·e·s à Ciudad Juárez, tandis que 28 autres ont été hospitalisées. Selon certaines allégations, le personnel du centre a laissé les victimes enfermées après le début de l’incendie. Nous demandons au président Andrés López Obrador de changer immédiatement de cap et de protéger les droits des migrant·e·s et des réfugié·e·s.

Les personnes incarcérées au centre de détention pour migrant·e·s venaient de cinq pays différents : Colombie, Salvador, Honduras, Guatemala et Venezuela. Amnistie internationale a constaté et dénoncé la grave situation des droits humains dans l’ensemble de ces États, principal facteur poussant les personnes à quitter leur pays afin de solliciter une protection internationale, les incitant à emprunter des itinéraires dangereux et les exposant aux abus perpétrés par les services de l’immigration et des bandes criminelles.

Les blessures et décès provoqués le 28 mars par l’incendie ayant frappé le centre de détention pour migrant·e·s de Ciudad Juárez sont survenus dans un contexte où des personnes ont été forcées à solliciter une protection internationale, car elles risquent de perdre la vie ou de subir d’autres formes de violations des droits humains, à la fois dans leur pays d’origine et dans les pays de transit et de destination. Face à cette situation, les pays de la région, les États-Unis en tête, ont mis en place des politiques migratoires communes de plus en plus inhumaines, rendant presque impossible l'accès au droit de demander l'asile et obligeant les personnes à emprunter des itinéraires plus dangereux qui les rendent encore plus vulnérables. 

Dans le cadre de cette stratégie visant à freiner la migration, en collaboration avec les États-Unis et le Canada, les autorités mexicaines ont chargé la Garde nationale de faire respecter la législation relative à l'immigration et ont militarisé les frontières du pays. Elles utilisent par ailleurs systématiquement le placement en détention des migrant·e·s. Pour la seule année 2022, les services d'immigration ont placé au moins 318 660 personnes dans des centres de rétention et en ont expulsé plus de 106 000, dont des enfants et des adolescent·e·s. 

Ces arrestations ne respectent pas les normes d'exception, de proportionnalité, de nécessité et de pertinence de la détention, ni les normes les plus strictes en matière de dignité des conditions de détention, notamment l'interdiction de la surpopulation ainsi que l'accès à l'eau et de la nourriture en quantité suffisante. Le 15 mars 2023, la première chambre de la Cour suprême du Mexique a déterminé que la détention dans les centres de rétention pour migrant·e·s ne devait pas dépasser 36 heures, période après laquelle les personnes concernées doivent pouvoir retrouver la liberté. 

LETTRE À ENVOYER

Monsieur le Président,

L’incendie ayant frappé le centre de détention pour migrant·e·s de Ciudad Juárez le 28 mars dernier a causé la mort d’au moins 39 migrant·e·s et l’hospitalisation de 28 autres. Le gouvernement que vous dirigez avait l’obligation de prévenir cette tragédie et d’agir avec diligence durant l’incendie afin d’éviter des conséquences fatales. Selon certaines allégations sérieuses, des migrant·e·s sont restés enfermés après que le feu s’est propagé aux cellules.

Au lieu d’examiner les causes structurelles de cette situation épouvantable, qui résultent de l’application de politiques inhumaines contre des personnes en quête d’une protection internationale transitant par votre pays, vous avez systématiquement minimisé la gravité des événements et laissé entendre que les migrant·e·s étaient responsables de leur propre mort.

Nous vous demandons de changer immédiatement de cap et de faire en sorte qu’une nouvelle série de politiques et pratiques garantissent pleinement les droits fondamentaux au Mexique, notamment le fait de mettre fin à la militarisation de la gestion de la migration et de l’incarcération généralisée des migrant·e·s. Nous vous exhortons aussi à travailler en collaboration avec les autorités concernées, afin que les victimes de cette tragédie ne soient pas stigmatisées davantage et qu’une enquête approfondie et transparente soit menée dans les meilleurs délais sur les violations des droits humains ayant été commises, de garantir le droit à la santé des personnes hospitalisées, de régulariser leur situation si elles le souhaitent, de faire en sorte que les victimes et leurs proches reçoivent des réparations et, enfin, que les dépouilles des victimes soient rapatriées sans frais et dans la dignité.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

APPELS À

Président Andrés Manuel López Obrador
Palacio Nacional, edificio 10, planta baja, Colonia Centro. C.P. 06060, alcaldía Cuauhtémoc
Ciudad de México, Mexique
Tél : 5093 4900 ou 01 800 080 127
Twitter : @lopezobrador_
 

COPIES À

Mélanie Joly
Ministre des Affaires étrangères
111, rue Wellington
Ottawa (Ontario) K1A 0A6
Aucun timbre requis
Courriel:  melanie.joly@parl.gc.ca 

Son Excellence M. Carlos Manuel JOAQUIN GONZALEZ
Ambassadeur
Ambassade des États-Unis du Mexique
45 O'Connor Street, Suites 1000 and 1030
Ottawa, ON K1P 1A4
Canada
Tel: (613) 233-8988, -9272, -9917 / 613-795-1868 (24h) Fax: (613) 235-9123
Email: infocan@sre.gob.mx