• Israël et territoire palestinien occupé

IL FAUT ANNULER L’ORDRE D’ÉVACUATION ADRESSÉ AUX HÔPITAUX DE GAZA

CONTEXTE

Le 13 octobre, 23 hôpitaux situés dans le nord de la bande de Gaza et dans la ville de Gaza ont reçu des ordres d’évacuation de l’armée israélienne. Depuis, ils continuent de recevoir des appels téléphoniques de l’armée israélienne les pressant de le faire. Ces hôpitaux prodiguent des soins vitaux à plus de 2 000 patient·e·s et servent de refuge à des dizaines de milliers de familles déplacées à l’intérieur du pays. Sur fond de catastrophe humanitaire qui engloutit la bande de Gaza, ces ordres d’évacuation forcée sont pratiquement impossibles à mettre en œuvre, car transférer des patient·e·s à travers des zones détruites et sans carburant est une perspective déraisonnable. Si elles sont mises en œuvre, ces « évacuations » conduiront à l’effondrement total du système de santé de Gaza. Elles s’apparenteraient, selon les propres termes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), à une « condamnation à mort » des personnes gravement blessées ou malades. Les autorités israéliennes doivent annuler ces ordres et assurer la protection des établissements de santé, comme l’exige le droit international humanitaire.

Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), au 22 octobre, plus de 4 650 Palestinen·ne·s ont été tués à Gaza, dont 1 873 mineur·e·s, et plus de 14 245 ont été blessés dans le cadre des frappes israéliennes qui ont débuté le 7 octobre. L’OCHA estime également que plus de 1,4 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du territoire depuis le début des récents affrontements.

Aux premières heures du 13 octobre, l’armée israélienne a diffusé une annonce initiale ordonnant à plus de 1,1 million de personnes vivant au nord de Wadi Gaza de partir pour le sud dans les 24 heures. Quel que soit le délai – qui selon l’armée israélienne elle-même est impossible à respecter – cet ordre ne peut être considéré comme un avertissement efficace et peut constituer un déplacement forcé de population civile, en violation du droit international humanitaire. L’ordre donné ensuite aux hôpitaux d’évacuer de force doit être considéré dans le contexte de ces menaces de déplacement forcé.

« Évacuer cet hôpital est quasiment impossible : déplacer les patient·e·s qui se trouvent en soins intensifs, transférer les nouveau-nés en couveuse et les blessé·e·s qui sont plus de 50, est tout simplement impossible », a déclaré à Amnistie Internationale un médecin de l’hôpital al Quds, l’un des 23 établissements menacés d’évacuation forcée qui accueille également plus de 8 000 personnes déplacées.

Israël ne peut pas considérer l’ensemble de la bande de Gaza, y compris ses hôpitaux et ses infrastructures civiles, comme une cible militaire. Les médecins, les infirmiers et infirmières et le personnel soignant de Gaza s’efforcent de manière héroïque de sauver des vies, dans un contexte d’horreur impensable. La plupart ont perdu des membres de leur famille, des amis et des collègues, mais continuent de prodiguer leurs services lors même qu’ils sont attaqués, faisant preuve d’un engagement envers l’humanité qui suscite l’admiration.

À ce titre, les autorités israéliennes doivent respecter le droit international humanitaire, y compris en annulant immédiatement les ordres d’évacuation forcée des hôpitaux et en autorisant l’acheminement rapide et sans condition de l’aide humanitaire et de matériel médical à Gaza. L’approvisionnement en eau et en carburant de Gaza doit également reprendre, première étape vers la levée des mesures de sanction collective imposées depuis 16 ans à la population civile.

LETTRE À ENVOYER

Monsieur le Ministre,

Je vous écris afin de vous demander d’annuler immédiatement les ordres d’évacuation donnés aux hôpitaux dans le nord de la bande de Gaza et la ville de Gaza et d’assurer la protection sans condition des patient·e·s, des professionnel·le·s de santé et des dizaines de milliers de personnes déplacées qui se mettent à l’abri à l’intérieur et autour de ces hôpitaux.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a confirmé que 23 hôpitaux du nord de Gaza et de la ville de Gaza ont reçu des ordres répétés d’évacuation. Ces établissements soignent actuellement plus de 2 000 patient·e·s et sont le seul refuge de dizaines de milliers de civil·e·s menacés par les frappes aériennes israéliennes. Contraindre ces patient·e·s à évacuer et à partir vers le sud de Gaza, où les établissements de santé sont déjà au bord de l’effondrement et ont dépassé leurs capacités d’accueil, s’apparenterait à une condamnation à mort, selon l’OMS.

Les hôpitaux dans le nord de Gaza et la ville de Gaza sont déjà surchargés et se battent pour gérer la crise humanitaire provoquée par les incessants bombardements israéliens et exacerbée par la décision des autorités israéliennes de durcir le blocus existant en coupant l’approvisionnement de Gaza en électricité, en carburant, en eau et en médicaments. Ces hôpitaux soignent des centaines de blessé·e·s chaque jour, ainsi que des femmes enceintes, des bébés en couveuse et des patient·e·s gravement malades, ce qui oblige les médecins à opérer dans les couloirs et sous des tentes en dehors des locaux. Alors que les réserves de carburant s’épuisent et que les coupures d’électricité se multiplient, la vie de milliers de patient·e·s est en danger imminent. L’exclusion du carburant de l’aide humanitaire limitée et très insuffisante qui est récemment entrée à Gaza via le point de passage de Rafah aura des conséquences dévastatrices pour les patient·e·s à Gaza.

Parmi ces 23 hôpitaux, certains ont déjà été attaqués et ont subi des dommages. Alors qu’Amnistie Internationale continue d’enquêter sur l’attaque du 17 octobre contre l’hôpital baptiste arabe al Ahli, elle a déjà établi que ce même hôpital avait été délibérément ciblé par deux tirs d’artillerie israéliens le 14 octobre. Le 22 octobre, l’armée israélienne a adressé un nouvel avertissement à l’hôpital al Quds, géré par la Société du Croissant-Rouge palestinien, lui demandant d’évacuer les lieux et ce jour-là, elle a bombardé les environs de l’hôpital.

À la lumière du danger imminent pour la vie de dizaines de milliers de patient·e·s, de civil·e·s déplacés et de soignant·e·s, je vous prie d’annuler immédiatement les ordres d’évacuation et de veiller à ce que les établissements de santé, le personnel, les patient·e·s et les personnes déplacées soient protégés contre les attaques, comme l’exige le droit international humanitaire.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

APPELS À

Ministre de la Défense - M. Yoav Gallant
Ministère de la Défense
Hakirya, 6473424,
Tel-Aviv, Israël Courriel : sar@mod.gov.il
Twitter : @yoavgallant

COPIES À

Mélanie Joly
Ministre des Affaires étrangères
111, rue Wellington
Ottawa (Ontario) K1A 0A6
Aucun timbre requis
Courriel:  melanie.joly@parl.gc.ca