• Chine

Des personnes « disparues » et détenues arbitrairement dans le Xinjiang

CONTEXTE

48 personnes appartenant à des groupes ethniques à majorité musulmane auraient été internées dans des camps ou condamnées sans procès équitable et envoyées en prison dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Elles ont été intégrées à la campagne Libérez les détenus du Xinjiang, ce qui porte le total de personnes concernées à 120. Ces cas sont représentatifs des nombreux hommes et femmes – peut-être un million, voire plus – qui auraient été placés en détention dans la région depuis 2017. Le gouvernement chinois a ciblé sciemment et délibérément les Ouïghours, les Kazakhs et les membres d’autres minorités ethniques à majorité musulmane dans le Xinjiang, notamment en menant une campagne de détention de masse, de torture et d’autres formes de mauvais traitements. Il doit libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement dans des camps d’internement et des prisons au Xinjiang. 

Le Xinjiang est l’une des régions chinoises dont la population est la plus diversifiée sur le plan ethnique. Plus de la moitié de ses 22 millions d’habitant·e·s appartiennent à des groupes ethniques principalement turcophones et majoritairement musulmans, parmi lesquels les Ouïghours (environ 11,3 millions), les Kazakhs (environ 1,6 million) et d’autres populations dont les langues, les cultures et les modes de vie sont très différents de ceux des Hans, majoritaires en Chine « intérieure ».

Depuis 2017, sous prétexte de lutter contre le « terrorisme » et l’« extrémisme religieux », l’État chinois commet des violations systématiques et de grande ampleur à l’encontre de la population musulmane du Xinjiang. On estime que plus d'un million de personnes ont été placées en détention arbitraire dans des camps d’internement un peu partout au Xinjiang depuis 2017.

Le rapport d’Amnistie internationale intitulé « Comme si nous étions ennemis de guerre » - internements, torture et persécutions perpétrés à une échelle massive contre les musulmans du Xinjiang est le document le plus complet à ce jour sur la répression écrasante que subissent les Ouïghours, les Kazakhs et d'autres minorités ethniques à majorité musulmane dans le Xinjiang. Les éléments de preuve recueillis constituent une base factuelle qui permet de conclure que le gouvernement chinois a commis au moins les crimes contre l’humanité que sont l’emprisonnement, la torture et la persécution.

Les autorités chinoises ont nié l’existence des camps d’internement jusqu’en octobre 2018, avant d’affirmer qu’il s’agissait de centres de « formation professionnelle » gratuite et volontaire. Les explications de la Chine, cependant, n’éclairent aucunement les nombreuses informations recueillies auprès d’anciens détenu·e·s faisant état de coups, de privation de nourriture et de détention à l’isolement.

En 2019, le gouvernement chinois a affirmé avoir fermé les camps, mais n'a fourni aucune preuve et n'a pas autorisé les journalistes, les enquêteurs travaillant sur les droits humains ni les diplomates à s'y rendre librement. Au contraire, il a redoublé d'efforts pour faire taire les critiques en invitant les délégations de différents pays à se rendre au Xinjiang pour des visites soigneusement orchestrées et surveillées de près. Le dernier exemple est celui de la haut-commissaire aux droits de l'homme des Nations unies qui s'est rendue en Chine en mai 2022.

Comme l'a fait remarquer à Amnistie une personne dont les proches se trouvent en détention arbitraire : « Elles [les autorités chinoises] veulent montrer les Ouïghours joyeux, les Ouïghours qui dansent. Je pense que le groupe d'enquête de l'[ONU] doit faire de son mieux pour enquêter sur la réalité… la situation réelle. »

Amnistie internationale a lancé une campagne internationale, Libérez les détenus du Xinjiang, et a recueilli en moins de quatre mois plus de 320 000 signatures pour une pétition réclamant la fermeture des camps d'internement et la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement dans ces camps et les prisons du Xinjiang.

Il faut que la Chine ferme immédiatement tous les camps d’internement qui existent encore et libère toutes les personnes qui se trouvent dans ces établissements ou d’autres centres de détention – y compris les prisons – dans le Xinjiang, à moins que suffisamment d’éléments crédibles et recevables ne prouvent qu’elles ont commis une infraction reconnue par le droit international.

En outre, Amnistie internationale demande à la haut-commissaire aux droits de l’homme de l'ONU de publier son rapport attendu de longue date sur le Xinjiang et de reconnaître publiquement l'ampleur et la gravité des violations des droits humains perpétrées dans cette région avant la fin de son mandat en août 2022.

Enfin, le Conseil des droits de l'homme doit créer un mécanisme international indépendant chargé d’enquêter sur les crimes de droit international dans le Xinjiang, en vue de garantir l’obligation de rendre des comptes, notamment grâce à l’identification des auteurs présumés.

LETTRE À ENVOYER

Monsieur le Président,

J’ai appris avec désarroi que 120 personnes appartenant principalement à des groupes ethniques musulmans avaient été internées dans des camps ou condamnées sans avoir bénéficié d’un procès équitable et emprisonnées dans le Xinjiang. Ces cas sont représentatifs des hommes et des femmes – peut-être un million, voire plus – qui auraient été placés en détention par le gouvernement chinois dans la région du Xinjiang depuis 2017.

Selon les éléments de preuve qu’Amnistie internationale a réunis dans son rapport intitulé « Comme si nous étions ennemis de guerre », l’État chinois a commis des crimes contre l’humanité d’emprisonnement, de torture et de persécution dans le Xinjiang. Des actes licites que beaucoup d’entre nous considèrent comme des acquis, tels que le fait de vivre, de séjourner ou d’étudier à l’étranger, de communiquer avec des personnes se trouvant à l’étranger, de réciter le Coran ou de porter des tenues religieuses, peuvent être considérés comme un motif d’internement dans un camp ou d’incarcération dans une prison, où les détenu·e·s sont soumis en permanence à un endoctrinement forcé, ainsi qu’à des actes de torture physiques et psychologiques et à d’autres mauvais traitements.

Les familles établies à l'étranger cherchent désespérément à entrer en contact avec leurs proches, dont elles sont bien souvent sans nouvelles depuis des années. Au désespoir s’ajoute le fait que, faute de pouvoir consulter l’avocat de leur choix, les détenu·e·s risquent encore davantage de subir des actes de torture ou des mauvais traitements.

Je vous prie donc instamment de :

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

APPELS À

 

Président de la République populaire de Chine, Xi Jinping
Zhongnanhai
Xichangan’jie Xichengqu, Beijing Shi 100017 - Chine
Fax : +86 10 6238 1025
Courriel : english@mail.gov.cn 
En anglais : « You are so brave #NiYulan – We stand by you! ». En chinois :
北京市西城区西长安街街道 100017
 

COPIES À

 

Son Excellence M. Peiwu CONG (m)
Ambassadeur
Ambassade de la République populaire de Chine
515 St. Patrick Street
Ottawa, ON K1N 5H3
Canada
Tel: (613) 789-3434,3513,8422/762-3769 (24h) Fax: (613) 789-1911
Email: chineseembassy.ca@gmail.com


Mélanie Joly
Ministre des Affaires étrangères
111, rue Wellington
Ottawa (Ontario) K1A 0A6
Aucun timbre requis
Courriel:  melanie.joly@parl.gc.ca