Jani Silva : une défenseure des droits humains en danger
Le 2 juillet, la Commission Justice et paix a reçu des informations confidentielles faisant état d’un complot visant à assassiner Jani Silva, une défenseure des droits humains.
Ce projet a semble-t-il été ourdi par un groupe armé nommé « La mafia », en représailles contre le programme de remplacement volontaire de cultures défendu par Jani Silva dans la région du Putumayo (sud-ouest de la Colombie). Selon plusieurs organisations non gouvernementales, « La Mafia » est derrière l’homicide de 14 personnes dans la région de Putumayo depuis le début du confinement lié à la pandémie de COVID-19. Nous demandons à l’Unité de protection nationale de renforcer les mesures de protection en place pour Jani Silva.
Jani Silva est une défenseure de l’environnement, des droits humains et de la paix qui a œuvré en faveur de la mise en œuvre de l’Accord de paix et encouragé des initiatives de reforestation. Elle a dénoncé les répercussions socio-économiques des activités pétrolières, notamment celles d’Amerisur qui est une entreprise d'exploitation des gisements d'hydrocarbures qui mène ses activités principalement dans les bassins du Putumayo. Cette entreprise a pour partenaires dans le cadre de ses activités plusieurs compagnies canadiennes, dont Canacol Energy Ltd. et Pacific Exploration & Production (Frontera Energy).
En raison de ses activités de défenseure de la paix, des groupes armés ont menacé de la tuer dans le but de faire taire l’une des plus importantes voix défendant des causes sociales dans le Putumayo.
Complément d'information
Les menaces antérieures recensées par Amnistie internationale incluent les agissements suivants :
- Le 29 novembre 2019, Jani Silva a signalé que des membres non identifiés de la police l’ont soumise à une surveillance irrégulière dans le cadre de son programme de protection.
- Le 16 janvier 2020, elle a été victime de deux cas d’atteintes à sa sécurité. Le premier a eu lieu lorsqu’un homme à moto a surveillé son domicile pendant au moins 10 minutes ; le deuxième est survenu quand des inconnus se sont rendus sur son lieu de travail pour l’observer.
- Le 26 mars 2020, la Commission Justice et paix a informé Jani Silva d’un complot visant à l’assassiner.
- Le 17 avril, Jani Silva a entendu six coups de feu tirés à moins de 30 mètres de son domicile.
- Le 22 avril, elle a de nouveau entendu trois coups de feu tirés à moins de 50 mètres de chez elle, ainsi que des bruits causés par les déplacements de personnes et d’une moto autour de sa maison.
En mai 2020, plusieurs médias et organisations de défense des droits humains ont dénoncé la surveillance par l’armée de plus de 130 personnes, parmi lesquelles figurent des journalistes nationaux et internationaux, des défenseur·e·s des droits humains et des personnalités politiques. Selon leurs informations, Jani Silva faisait partie des défenseur·e·s des droits humains victimes de cette surveillance militaire.
Jani Silva a également reçu des menaces de mort parce qu’elle s’est opposée à une compagnie pétrolière dans cette région : on lui a fait savoir qu’elle-même et ses proches seraient tués si elle continue de promouvoir des manifestations en faveur d’un environnement sain. L’on ignore l’identité des auteurs de ces menaces.
Jani Silva est la représentante juridique de l’Association pour le développement intégral et durable de la Perla Amazónica (ADISPA), qui a pour vocation de protéger les droits des communautés qui vivent dans la Zone de réserve Paysanne de la Perla Amazónica.